Depuis les révélations d'Edward Snowden, il est souvent fait mention de la surveillance massive de l'agence nationale de sécurité américain. À plusieurs reprises, le cas de recueil de données de l'internaute lambda a été évoqué. Une enquête du Washington Post jette une lumière crue sur ce point et révèle que l'internaute ordinaire est bien plus surveillé que les cibles désignées.

Le Washington Post a étudié un cache de communications interceptées par la NSA entre 2009 et 2012, soit 22 000 rapports de surveillance. Les documents ont été fournis par l'ex-consultant de la NSA mais jusqu'à présent on ne savait pas qu'Eward Snowden avait eu accès à de telles archives.

NSA Les informations examinées contiennent près de 160 000 conversations dont 121 000 messages instantanés, 22 000 emails, 7 900 documents stockés en ligne ainsi que des milliers de conversations sur IRC, messages sur les réseaux sociaux ou encore plusieurs centaines de communications voix, texte et vidéo en temps réel.

Ces 160 000 conversations interceptées portent sur un total de plus de 11 400 comptes en ligne uniques dont seulement 11 % étaient des cibles désignées par la NSA. Cela signifie que plus de 10 000 comptes - soit 89 % - espionnés étaient ceux d'internautes dits ordinaires, dont des Américains, alors que la loi n'autorise que la surveillance d'étrangers explicitement désignés comme des cibles.

" Neuf titulaires de comptes sur dix dans un vaste cache de conversations interceptées n'étaient pas des cibles désignées pour une surveillance mais ont été pris dans un filet que l'agence avait jeté pour quelqu'un d'autre "

, écrit le Washington Post.

Pour les plus de 10 000 internautes ordinaires, les conversations interceptées étaient bien éloignées des préoccupations de sécurité nationale et avec un caractère très personnel. Le Washington Post énumère ainsi des " histoires et des chagrins d'amour, des relations sexuelles extra conjugales, des crises psychologiques, des conversations politiques et religieuses, des problèmes financiers, des espoirs déçus. "

Des fichiers décrits comme inutiles par les analystes et touchant au voyeurisme ont pourtant été conservés dans des bases de données…

Si des communications interceptées ont aussi permis l'arrestation de terroristes présumés, cela ne change en rien le fait que le débordement de la surveillance de la NSA doit faire naître un sentiment de révolte chez l'internaute.