C'est une constante chez le fabricant Research in Motion depuis plusieurs années : ses résultats financiers trimestriels ont régulièrement montré sa progression en nombre de terminaux écoulés et de nouveaux clients, et pourtant les observateurs et analystes ont à chaque fois tempéré leurs prévisions en estimant qu'il ne faisait pas assez d'efforts pour alimenter son innovation.

Même l'annonce de son entrée sur le marché des tablettes tactiles, avec la PlayBook, et les perspectives de smartphones BlackBerry dual core embarquant l' OS QNX ne réchauffent pas son cours en Bourse, qui ne cesse de reculer depuis le début de l'année.

Les rumeurs contradictoires sur les premières ventes de la tablette ( RIM aurait déjà écoulé 250 000 unités vs RIM en aurait vendu peu et ferait face à d'importants retours, ce que la société a démenti ) ne sont pas faites non plus pour calmer les esprits.

Les analystes sont donc dans l'expectative. Certains estiment que RIM pourrait connaître un rebond à la Apple grâce à l'aperçu donné sur ses projets enfin innovants ( il est vrai que les dernières gammes de smartphones BlackBerry ressemblent plus aux redites d'une recette à succès ).


Un réveil trop tardif ?

D'autres, en revanche, entrevoient un destin ressemblant à celui du fabricant Palm, star des smartphones dans les années 2003-2005 avant de se voir dépassé par la concurrence et ne plus pouvoir rattraper un retard accumulé et des atermoiements stratégiques, conduisant à son rachat par un grand groupe ( HP, qui s'apprête à lancer des smartphones et une tablette sous WebOS ).

Le fait que RIM ait lancé un avertissement sur résultats, envisageant de moindres ventes de smartphones BlackBerry ce trimestre ( des retards de lancement des nouveaux modèles sont évoqués ), dans un contexte de franche baisse de son cours en Bourse, peut être vu comme le premier coup d'arrêt dans une situation bancale qui pouvait encore faire illusion.

Selon cette hypothèse, RIM vendait bien ses smartphones en profitant d'un savoir-faire accumulé depuis dix an, lui permettant de proposer des terminaux aux caractéristiques remises à jour plutôt que des produits changeant vraiment la donne. Et cette dynamique serait sur le point de s'effondrer.

La question serait donc : est-ce que les nouvelles initiatives ( tablette PlayBook, compatibilités logicielles, arrivée prochaine de smartphones BlackBerry dual core, élargissement de l'utilisation de l' OS QNX présent dans la PlayBook  ) n'arrivent pas trop tard pour remettre en selle le fabricant ?

Du point de vue des analystes, elles permettront tout juste à RIM de préserver sa part de marché dans les prochaines années, quand d'autres vont continuer de progresser rapidement. Cette situation de stagnation pourrait alors inciter de grands groupes à envisager une tentative d'acquisition.

Source : Reuters