carte-rsf-ennemis-internet Samedi, à l'occasion de la journée mondiale contre la cybercensure, Reporters Sans Frontières a publié son dernier classement des pays ennemis d'Internet qui portent atteinte à la liberté d'expression sur le Net.

Dans ce classement figurent Arabie saoudite, Birmanie, Chine, Corée du Nord, Cuba, Iran, Ouzbékistan, Syrie, Turkménistan, Viêt-nam. Dix noms contre douze l'année dernière avec deux sortants. Après la chute des gouvernements en place, l'Égypte et la Tunisie ne sont plus considérés comme des ennemis d'Internet.

Ces deux pays restent néanmoins sous surveillance, et rejoignent ainsi... la France. C'est une première pour la France. " Nous avons placé sous surveillance des démocraties, dont l'Australie, la Corée du Sud et la France, en raison de différentes mesures qui risquent d'avoir des conséquences négatives pour la liberté d'expression en ligne et l'accès au Web ", a déclaré le secrétaire général de RSF.

Les " griefs " retenus à l'égard de la France sont multiples. Ils vont du traitement de l'affaire WikiLeaks dont l'hébergement par OVH avait été menacé, en passant par les lois Hadopi et Loppsi 2. La première loi instaure notamment la riposte graduée avec coupure d'accès à Internet. Pour RSF, l'intervention du juge ne fournit toutefois " pas suffisamment de garanties judiciaires ". Une intervention qui est absente de Loppsi 2 dans ses mesures de filtrage.

" La lutte contre la pédopornographie est tout à fait légitime. Cependant, le caractère arbitraire et opaque de la procédure choisie, qui exclut tout contrôle par un juge indépendant, suscitent de réelles craintes. […] Par ailleurs, le danger est réel que la mise en place d'un système de filtrage soit étendue à d'autres sujets que la pédopornographie. […] Le filtrage ne risque-t-il pas d'être étendu à d'autres délits tels que la contrefaçon, la diffamation, l'offense au chef de l'État, etc. "

, justifie RSF.

RSF donne donc une forme d'avertissement à la France, alors que l'année 2011 sera riche avec la création d'un Conseil national du numérique, la question de la neutralité du Net. Déjà, RSF s'inquiète, rappelant les déclarations du ministre en charge de l'Économie numérique : " un absolutisme de la neutralité nuirait au développement des services et se retournerait contre l'objectif qu'il entend poursuivre ".