Pendant que Numericable / Altice pose une date-limite à Vivendi pour sa proposition de rachat de SFR, le groupe Bouygues poursuit sa stratégie de séduction après les échos positifs derrière le coup d'éclat du week-end représenté par l'annonce de négociations pour céder son réseau d'antennes à Free.

Si cette initiative doit calmer les réticences des régulateurs, Martin Bouygues ne perd pas de vue les attentes du gouvernement (investissement, emploi, prix) et brosse donc dans le sens du poil en évoquant de nouveau ses engagements fermes dans une lettre adressée au gouvernement et qu'a obtenue le journal Le Monde.

Sur les investissements d'abord, le patron du groupe Bouygues assure pouvoir investir "deux milliards d'euros par an sur les réseaux fixe et mobile, en particulier dans le domaine de la fibre optique (400 millions d'euros par an)", avec un focus mis sur la technologie FTTH (Fiber To The Home) qui amène la fibre optique jusqu'aux foyers.

Sur l'emploi, Martin Bouygues redit qu'il ne procèdera à "aucun licenciement collectif, plan social, plan de départs volontaires dans le cadre de cette fusion", même si beaucoup d'observateurs doutent de la réalité d'une telle promesse alors que les activités de SFR et Bouygues Telecom se chevaucheront largement.

Il affirme également vouloir "rapatrier plusieurs centres d'appel en France" ce qui reviendrait en fait à demander à ses prestataires de ne faire appel qu'à des téléconseillers travaillant en France, sauf cas spécifiques, précise Le Monde.


Cocorico
Et puisque le contrôle du secteur télécom par des groupes français est l'une des données implicites des négociations en cours, Martin Bouygues se fait un plaisir de signaler que la nouvelle entité issue du rassemblement de SFR et de Bouygues Telecom sera cotée à la Bourse de Paris et aura son siège social en France. Une façon de faire un pied de nez à Altice, actionnaire de Numericable, dont le siège est au Luxembourg.

Toujours dans la veine patriotique, le patron du groupe Bouygues promet enfin de privilégier des fournisseurs français quand c'est possible et pertinent. Bouygues Telecom avait déjà répondu positivement à l'appel de Bercy vis à vis de l'équipementier Alcatel-Lucent.

Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif, a pris acte de ces engagements et a souligné, non moins malicieusement, qu'ils lui seraient "opposables" par la suite s'ils n'étaient pas tenus...toujours dans l'hypothèse où Bouygues serait choisi par Vivendi pour racheter SFR.

Source : Le Monde