La course au déploiement des antennes mobiles des opérateurs se heurte parfois à des collectifs de riverains inquiets de l'incidence des ondes émises sur leur santé, et il semblerait que la 4G soit particulièrement visée dans la capitale.

Antenne Free Mobile  Paris, qui concentre 13 % du réseau 4G en France, fait ainsi l'objet d'une résistance sérieuse au déploiement des nouvelles antennes. Si la capitale profite d'une charte spécifique limitant l'exposition des habitants aux ondes, le lancement de la 4G implique l'implantation de nouvelles antennes.

En décembre, l'ANFR avait ainsi autorisé l'installation de 1866 émetteurs de nouvelle génération dans Paris intramuros. Si 1154 sont déjà en service, l'accélération des demandes d'implantation ou de conversion d'antennes 3G déjà installées est un véritable casse-tête pour la Ville.

A ce niveau, les associations écologiques et les Robin des toits se soulèvent contre un processus politique qui favorise selon eux, un déploiement accéléré sans réelle concertation sur l'impact sanitaire ou la légitimité de l'expansion des réseaux. " C'est de la démocratie participative à deux balles : on vous fait croire qu'on prend les avis en compte et on s'assoit dessus " critique Étienne Cendrier, porte-parole de l'association Robin des toits.

En ligne de mire : les concertations entre les associations écologistes et des riverains à la CCTM visant à exprimer leur avis sur plus d'une centaine de cas et dont chaque dossier n'a pas été traité en plus de 2 minutes. " La CCTM ne fait pas vraiment de concertation, mais est plutôt devenue une chambre d'enregistrement (...) tout est fait dans la précipitation " confirme Jean-Jacques Anding, représentant de l'organisation de consommateurs CLCV.

La charte spécifique à la ville de Paris impose un plafond d'exposition de 5 volts/mètre pour la 2G et la 3G ainsi que de 7 V/m pour la 4G, des normes 8 fois en dessous de celles appliquées au niveau national. Mais même du côté des Mairies, elle ne fait pas l'unanimité. Ainsi, Pascal Julien, adjoint au maire du 18e arrondissement déclare " La charte n'est pas très contraignante pour les opérateurs. Ils n'ont pas vraiment besoin de la violer, la mairie se couche pour eux."

Un avis partagé par Laurent Touzet, adjoint PS au maire du 12e : " Le président de la commission finit par prendre une décision qui est basée sur les seuls seuils d'exposition de la charte. L'opposition des riverains ou la présence d'établissements sensibles ( hôpitaux, écoles, crèches) ne rendre pas en ligne de compte".

Bien décidés à ne pas se laisser imposer ces implantations, certains ont réussi quelques coups de force, comme dans le 19e arrondissement où le collectif Bellevue a réussi à forcer la coupure du réseau 4G de Bouygues dont une antenne surplombait une crèche agréée par la Ville.

C'est une faille dans le dossier de l'opérateur ( l'oubli de mentionner la crèche dans le rayon d'action le plus fort de l'émetteur ) qui a permis cette suspension. Mais plus généralement, l'ensemble des crèches associatives n'a jamais été considéré comme "établissement sensible" dans la charte.

Dans le 18e, le collectif Alliance a également réussi à faire annuler l'implantation de 3 antennes relais, mais également bloqué l'installation de 2 antennes de Free sur des toits à proximité de deux écoles. Le collectif a simplement organisé un blocus, refusant l'accès au site d'installation aux ouvriers.

Du côté des opérateurs, aucun n'admet jouer du forcing auprès des mairies et des collectivités pour imposer l'implantation de leurs équipements, chacun renvoyant à un respect " pur et simple " de la charte. Les derniers rapports de l'ANSES vont d'ailleurs en faveur des opérateurs puisqu'ils indiquent que si les ondes électromagnétiques peuvent effectivement engendrer des modifications biologiques sur le corps humain, aucune étude scientifique n'a permis de démontrer " d'effet avéré" sur la santé.

Vers un nouveau paradoxe

Pour la majorité des associations, les plafonds imposés par la charte sont encore trop élevés, et globalement, il est demandé que le taux d'exposition des antennes 4G soit limité à 6V/m. Or, avec une limite de la sorte, les opérateurs devraient tripler le nombre d'antennes pour proposer une couverture et une qualité de service équivalente, ce qui impliquerait d'exposer une plus grande partie des habitants.

Source : Le Monde / AFP