Notre système solaire a un nouveau visiteur, et il ne ressemble à rien de ce que nous avons connu. Détecté le 1er juillet 2025, l'objet interstellaire 3I/ATLAS traverse actuellement notre voisinage cosmique à près de 209 000 km/h. Plus massif et plus grand que ses prédécesseurs, ‘Oumuamua et Borisov, sa taille et sa trajectoire "anormales" ont ravivé un débat passionné au sein de la communauté scientifique, opposant la prudence de la NASA aux spéculations audacieuses de l'astrophysicien de Harvard, Avi Loeb.
Qu'est-ce qui rend cet objet interstellaire si particulier ?
Plusieurs caractéristiques font de 3I/ATLAS une véritable anomalie. D'abord, sa taille : avec un noyau estimé à 5,6 kilomètres de diamètre, il est trois à cinq fois plus massif que les précédents objets interstellaires observés. Ensuite, sa trajectoire hyperbolique très allongée indique qu'il n'est pas lié gravitationnellement à notre Soleil, confirmant son origine extrasolaire.
Mais c'est surtout sa vitesse et son comportement qui intriguent. Bien que les rumeurs d'une accélération soudaine de 300% aient été démenties, sa vitesse reste exceptionnellement élevée. De plus, sa composition, principalement du dioxyde de carbone et de la glace, ainsi que sa chevelure cométaire visible, en font un objet complexe qui ne rentre dans aucune case prédéfinie.
Vaisseau extraterrestre ou simple comète géante ?
Face à ces anomalies, deux écoles s'affrontent. D'un côté, la NASA et une majorité de la communauté scientifique penchent pour l'explication naturelle. Pour eux, 3I/ATLAS est une comète exceptionnellement grande et massive, mais qui "ressemble à une comète, se comporte comme une comète et possède les caractéristiques typiques des comètes". De l'autre côté, l'astrophysicien Avi Loeb, déjà connu pour ses théories sur ‘Oumuamua, relance l'hypothèse d'une origine artificielle.
Il argumente que la probabilité statistique de découvrir un objet aussi massif avant d'avoir détecté des centaines de milliers de plus petits est quasi nulle. Pour lui, "lorsqu’un objet présente des caractéristiques qui ne s’alignent avec aucune explication naturelle, il faut envisager toutes les possibilités, y compris l’hypothèse technologique". Une théorie provocatrice qui, bien que minoritaire, oblige la science à questionner ses propres certitudes.
Quel est l'intérêt scientifique de ce visiteur inattendu ?
Au-delà du débat sur son origine, 3I/ATLAS représente une opportunité scientifique sans précédent. Son passage est scruté par les plus puissants télescopes du monde, notamment le James Webb Space Telescope, qui n'existait pas lors du passage d'Oumuamua. L'analyse de sa composition pourrait nous en apprendre davantage sur les systèmes stellaires d'où il provient.
Certains chercheurs avancent même une hypothèse fascinante : ces objets interstellaires pourraient être des "graines" de planètes, des noyaux rocheux ou glacés éjectés d'autres systèmes qui, en étant capturés par de jeunes étoiles, accéléreraient le processus de formation planétaire. Dans ce scénario, 3I/ATLAS ne serait pas juste un voyageur, mais un passeur de matière, un maillon dans la chaîne de création des mondes.
Foire Aux Questions (FAQ)
3I/ATLAS représente-t-il un danger pour la Terre ?
Non, absolument aucun. Lors de son passage le plus proche de notre planète, prévu le 19 décembre 2025, l'objet se trouvera à environ 270 millions de kilomètres, soit bien au-delà de l'orbite de Mars. Son passage le plus proche d'une planète sera celui de Mars, le 3 octobre 2025, à une distance d'environ 30 millions de kilomètres.
Pouvons-nous voir 3I/ATLAS depuis la Terre ?
Malheureusement non. Même à son point le plus proche, l'objet sera trop éloigné et trop peu lumineux pour être visible avec des télescopes amateurs. Seuls les grands observatoires professionnels et les télescopes spatiaux sont capables de le suivre. Il pourrait cependant être photographié par la sonde Mars Reconnaissance Orbiter lors de son passage près de la planète rouge.
Comment les scientifiques mesurent-ils sa vitesse et sa composition ?
La vitesse et la trajectoire sont calculées grâce à des observations répétées de la position de l'objet par rapport aux étoiles fixes. La composition est analysée par spectroscopie : en décomposant la lumière réfléchie par la comète, les scientifiques peuvent identifier les signatures chimiques des différents gaz et matériaux qui la composent, comme le dioxyde de carbone et la glace d'eau.