Face aux ambitions des grands acteurs de l’intelligence artificielle, Brian Chesky, le patron d’Airbnb, préfère temporiser : son application ne sera pas intégrée à ChatGPT, du moins pas encore.

Alors que plusieurs géants du voyage en ligne se tournent vers les assistants conversationnels, Airbnb reste prudent. Brian Chesky a expliqué qu’il n’intègrerait pas immédiatement ChatGPT à l’application d’Airbnb, estimant que les outils de connexion proposés par OpenAI ne sont « pas tout à fait prêts ».

Cette décision contraste avec les choix de ses concurrents comme Booking.com ou Expedia, déjà engagés dans cette transformation numérique.

Une relation d’expertise, pas d’intégration

Brian Chesky entretient une amitié étroite avec Sam Altman, PDG d’OpenAI, mais cette proximité ne suffit pas à précipiter une collaboration technique. Airbnb a observé avec intérêt les nouvelles capacités offertes par ChatGPT pour permettre à des développeurs tiers d’intégrer leurs applications dans le chatbot.

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Pourtant, Chesky reste lucide : pour une plateforme fondée sur la confiance entre membres vérifiés, il faudrait une infrastructure « presque auto-suffisante » au sein de ChatGPT, capable d’assurer la sécurité et la fiabilité des échanges. En attendant, Airbnb concentre ses efforts sur le renforcement de ses systèmes IA internes, et sur des modèles plus opérationnels comme ceux d’Alibaba.

L’intelligence artificielle interne se diversifie

Depuis mai, Airbnb déploie un agent de service client basé sur l’intelligence artificielle, accessible à tous ses utilisateurs américains. Ce système permet d’effectuer des changements ou des annulations de réservation en quelques clics, sans passer par un représentant humain.

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Grâce à cet outil, le temps moyen de résolution d’un problème est passé de près de trois heures à seulement six secondes, réduisant la dépendance au support humain de 15%.

La société prévoit d’ajouter le support du français et de l’espagnol dès cet automne, avant de s’ouvrir à cinquante-six autres langues en 2026. Une évolution stratégique vers une automatisation globale au service du voyageur connecté, démontrant qu’Airbnb préfère maîtriser sa chaîne d’IA avant toute intégration extérieure.

Alibaba plutôt qu’OpenAI pour la production

Si les technologies d’OpenAI inspirent ses innovations, Airbnb ne les exploite que très partiellement en production. L’entreprise s’appuie sur un ensemble de treize modèles d’IA, incluant ceux de Google et d’Alibaba, dont son modèle Qwen jugé « rapide, efficace et peu coûteux » par Chesky.

Ce choix illustre une approche pragmatique : diversifier les sources technologiques pour maintenir la performance et contenir les coûts. Parallèlement, Airbnb enrichit son expérience utilisateur avec de nouvelles fonctionnalités sociales permettant aux voyageurs d’échanger entre eux, d’ajouter des profils partagés et d’envisager à terme du contenu généré par les utilisateurs au sein de l’application. De quoi dessiner une communauté toujours plus interactive et autonome, dans l’esprit original du service.

Au-delà des choix techniques, l’objectif de Chesky demeure clair : bâtir une plateforme où l’humain reste au centre, tout en exploitant l’intelligence artificielle pour fluidifier chaque étape du voyage.

Si ChatGPT n’entre pas encore dans l’équation, la porte reste entrouverte pour l’avenir. La maturité technologique d’OpenAI décidera du moment où Airbnb jugera le partenariat « vraiment prêt » à décoller.