Face à la multiplication des incursions aériennes non identifiées, le cabinet du chancelier Friedrich Merz a approuvé un projet de loi permettant à la police fédérale de détruire les drones menaçants.
Cette mesure, visant à contrer ce que l'Union Européenne qualifie de « guerre hybride » russe, renforce les capacités de défense nationale au-dessus des infrastructures critiques.
Les autorités allemandes et européennes haussent le ton face à la multiplication des incursions d'engins aériens sans pilote (UAV) au-dessus de sites sensibles et ne comptent pas attendre l'éventualité d'un mur anti-drones déployé à l'échelle européenne.
Ces derniers mois, des aéroports comme celui de Munich, des bases militaires, et des usines d'armement ont fait l'objet de survols non autorisés. Pour le Chancelier Friedrich Merz, cette série d'incidents constitue un défi direct à la sécurité nationale et une provocation à laquelle il faut répondre.
Les nouveaux pouvoirs de la Police Fédérale
Le gouvernement a récemment donné son accord à un amendement législatif crucial. Si le Parlement l'approuve, la police fédérale sera désormais autorisée à déployer des moyens techniques appropriés pour neutraliser les drones représentant une menace immédiate.
Cela inclut l'utilisation d'impulsions électromagnétiques, de brouillage GPS, mais aussi des moyens physiques, allant jusqu'à la destruction de l'appareil. Le Ministre de l'Intérieur, Alexander Dobrindt, a précisé que cette législation visait avant tout à clarifier qui peut agir contre ces systèmes. Ces incidents nécessitaient, selon lui, une réponse à la hauteur de l'enjeu sécuritaire.
Il est à noter que l'Allemagne a enregistré 172 interruptions du trafic aérien dues à des drones depuis le début de l'année, marquant une nette hausse par rapport aux 129 de l'année précédente. Une tendance que Berlin veut absolument stopper net.
Une réponse à la menace hybride
L'Union Européenne, par la voix de sa présidente Ursula von der Leyen, a qualifié ces actions de « campagne cohérente et croissante » dans la zone grise de la dénégation.
Ces survols sont perçus comme une forme de menace hybride menée par la Russie, visant à déstabiliser et à affaiblir le soutien européen à l'Ukraine. Friedrich Merz a également exprimé publiquement ses soupçons, citant des commentaires du président russe Vladimir Poutine qui sembleraient confirmer, selon lui, cette origine.
L'objectif est clairement d'intimider, mais le Chancelier affirme clairement sa volonté de ne pas laisser faire et de se doter d'une capacité de réaction si besoin. Le gouvernement allemand ne veut plus tolérer ces actes qui menacent l'intégrité de ses infrastructures critiques, y compris les ports et les installations de stockage de gaz.
Renforcement des défenses à tous les niveaux
La nouvelle législation attendue devrait également délimiter clairement les champs d'action entre la police et l'armée, la Bundeswehr. Le ministre Dobrindt a indiqué que la police se concentrerait sur les drones plus petits volant à basse altitude.
L'armée, dont le rôle domestique est strictement limité par la Constitution, serait sollicitée pour les machines plus grandes ou lorsque l'altitude dépasse les capacités de la police.
Des amendements à la législation sur la sécurité aérienne sont attendus dans les prochaines semaines pour mieux définir le rôle exact de l'armée. Le gouvernement met en place une nouvelle unité dédiée à la recherche et au développement en matière de défense anti-drone.
Pour se doter des meilleures pratiques, des consultations régulières sont notamment prévues avec l'Ukraine et Israël, deux nations ayant une expérience substantielle dans ce domaine de la guerre moderne.