C'est un pavé dans la mare de Microsoft et un signal fort envoyé à toute l'Europe. L'État régional du Schleswig-Holstein, dans le nord de l'Allemagne, vient d'achever une étape cruciale de son plan d'abandon des logiciels du géant américain.

En six mois, les quelque 30 000 employés de l'administration, de la police à la justice, ont vu leurs boîtes mail migrer de Microsoft Exchange et Outlook vers des alternatives libres. Une démarche radicale, motivée par une quête de "souveraineté numérique".

Pourquoi cet abandon de Microsoft ?

La raison est avant tout politique et stratégique : reconquérir sa « souveraineté numérique ». Comme de nombreuses administrations en Europe, le Schleswig-Holstein s'inquiète de sa dépendance vis-à-vis des géants technologiques américains et de l'exposition de ses données aux lois extraterritoriales comme le Cloud Act.

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Pour le ministre du numérique de la région, Dirk Schrödter, il est essentiel que l'État "garde le contrôle sur les systèmes informatiques qu'il utilise et la maîtrise des données de ses citoyens et entreprises".

Cette initiative pionnière vise à briser un tabou. Après des échecs passés, comme à Munich, l'idée qu'il n'y avait "pas d'alternative à Microsoft" s'était installée. Le Schleswig-Holstein prouve le contraire.

Quels logiciels ont été choisis et pour combien de personnes ?

Cette migration de la messagerie est la première étape d'un plan bien plus vaste. Concrètement, l'administration a remplacé la suite de messagerie Microsoft Exchange et Outlook par des alternatives open source : Open-Xchange côté serveur et le client de messagerie Mozilla Thunderbird sur les postes de travail. La transition a concerné plus de 40 000 boîtes mail et 100 millions de messages.

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Mais l'ambition ne s'arrête pas là. Le plan, initié en 2021, prévoit à terme le remplacement complet de la suite Microsoft office par LibreOffice et, à l'horizon 2026, l'abandon de Windows au profit d'un système d'exploitation basé sur Linux.

La transition a-t-elle été facile ?

Une transition de cette ampleur n'est jamais un long fleuve tranquille, et le Schleswig-Holstein a connu son lot de difficultés. Des médias allemands ont rapporté des débuts chaotiques : problèmes de charge sur les serveurs de messagerie, incidents de protection des données lors de la migration et une courbe d'apprentissage abrupte pour les employés habitués à l'écosystème Microsoft.

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Le ministre a lui-même reconnu les défis, déclarant maladroitement qu'on "n'apprend pas à faire du vélo en regardant". Cependant, malgré ces accrocs initiaux, les autorités considèrent l'opération comme un succès et une étape indispensable pour l'avenir.

Foire Aux Questions (FAQ)

Qu'est-ce que la souveraineté numérique ?

La souveraineté numérique est la capacité d'un État ou d'une organisation à maîtriser ses propres systèmes d'information, ses données et ses infrastructures. L'objectif est de réduire la dépendance vis-à-vis d'acteurs étrangers, notamment pour des raisons de sécurité, de confidentialité et d'autonomie stratégique.

Cette migration est-elle une première en Europe ?

Non, mais c'est l'une des plus ambitieuses par son ampleur. D'autres entités publiques en Europe ont déjà franchi le pas, comme l'armée autrichienne ou la ville de Lyon en France. Ce mouvement reflète une prise de conscience croissante des enjeux de dépendance technologique sur le continent.

Les logiciels libres sont-ils aussi performants que les solutions de Microsoft ?

Oui, pour la grande majorité des usages bureautiques et administratifs. Des suites comme LibreOffice offrent des fonctionnalités équivalentes à Microsoft Office, et des clients mail comme Thunderbird sont des alternatives robustes à Outlook. L'enjeu principal d'une telle migration n'est souvent pas technique, mais réside dans la conduite du changement et la formation des utilisateurs.