Le diagnostic de la maladie d'Alzheimer sort enfin de l'âge de pierre. Jusqu'à présent, confirmer la maladie était un processus long, coûteux, invasif, et souvent réalisé avec certitude uniquement après la mort du patient. Mais deux avancées majeures, annoncées quasi simultanément, sont sur le point de tout changer. Basées sur une simple prise de sang, deux nouvelles analyses permettent non seulement de poser un diagnostic fiable, mais aussi de prédire à quelle vitesse la maladie va progresser.

Comment peut-on désormais diagnostiquer Alzheimer avec une prise de sang ?

La première avancée est un véritable tour de force. Une équipe de l'Université de l'Indiana, menée par le chercheur Jeff Dage, a développé un test sanguin capable de diagnostiquer la maladie avec une précision supérieure à 90%, soit un niveau de fiabilité comparable aux scanners PET, la méthode de référence actuelle. Ce test, qui a déjà reçu l'approbation de la FDA américaine, mesure la concentration dans le sang de deux protéines clés liées à la maladie : la protéine tau et la protéine amyloïde. C'est une avancée majeure qui rend le diagnostic plus simple, moins cher, et accessible à tous, y compris dans les zones rurales.

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Peut-on aussi prédire l'évolution de la maladie ?

Oui, et c'est la deuxième découverte intéressante. Une autre équipe de chercheurs, de l'Université de Brescia en Italie, a découvert qu'un autre test sanguin très simple pouvait prédire la vitesse du déclin cognitif. En mesurant non pas les protéines liées à la maladie d'Alzheimer, mais la résistance à l'insuline des patients, ils ont pu identifier ceux qui allaient décliner quatre fois plus vite que les autres sur une période de trois ans. Pour les familles, c'est une information cruciale qui permet d'anticiper la prise en charge et de mieux se préparer, répondant à la question angoissante : "combien de temps nous reste-t-il ?".

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Quelles sont les implications concrètes de ces avancées ?

L'impact de ces deux découvertes est immense. Elles offrent aux médecins et aux familles une vision à 360 degrés de la maladie. D'un côté, un diagnostic précoce et fiable. De l'autre, un pronostic sur la vitesse d'évolution. Cette visibilité nouvelle va transformer la prise en charge des patients. Elle permettra aussi d'accélérer la recherche de nouveaux traitements. En effet, les chercheurs pourront sélectionner plus efficacement les patients pour les essais cliniques, en ciblant ceux qui sont le plus susceptibles de répondre à une thérapie ou dont le déclin est le plus rapide. C'est un pas de géant dans la lutte contre ce fléau.

Les réponses à vos questions

Ces tests sanguins sont-ils déjà disponibles en France ?

Le test sanguin de diagnostic de l'Université de l'Indiana a reçu le feu vert de la FDA, l'agence du médicament américaine, ce qui ouvre la voie à sa commercialisation aux États-Unis. Son arrivée en Europe dépendra des autorisations des agences réglementaires européennes. Le test pronostique italien, lui, est encore au stade de la recherche et vient d'être présenté à un congrès scientifique.

Quel est le lien entre résistance à l'insuline et Alzheimer ?

C'est une piste de recherche de plus en plus sérieuse. La résistance à l'insuline (un problème souvent associé au diabète) perturberait la capacité du cerveau à utiliser le sucre comme source d'énergie. Elle favoriserait également l'inflammation et l'accumulation des fameuses plaques amyloïdes toxiques, accélérant ainsi la progression de la maladie d'Alzheimer.

Peut-on utiliser ces tests pour un dépistage préventif ?

Pas pour le moment. Les chercheurs sont très clairs sur ce point. Le test de diagnostic n'est recommandé que pour les personnes qui présentent déjà des signes de déclin cognitif. L'utiliser sur des personnes sans symptôme pourrait générer des "faux positifs", qui seraient une source d'angoisse terrible et inutile.