Le débat public sur les dangers des ondes électromagnétiques semble toucher à sa fin. Après douze ans d'expertise et l'analyse de près d'un millier de publications scientifiques, l'Anses a rendu un rapport définitif qui se veut rassurant. L'agence a passé au crible 250 études jugées particulièrement robustes pour déterminer si une corrélation existait entre l'usage d'un téléphone portable et l'apparition de tumeurs cancéreuses chez l'humain. La conclusion est sans appel : les données actuelles ne permettent pas d'établir un tel lien.

Comment les scientifiques sont-ils parvenus à cette conclusion ?

Pour aboutir à ce constat, les experts ont agrégé l'ensemble des données disponibles, qu'elles proviennent d'études sur les mécanismes cellulaires, d'expérimentations animales ou d'enquêtes épidémiologiques sur les utilisateurs. Si quelques travaux en laboratoire ont parfois montré de « petits signaux d'effets », ils ont été réalisés dans des conditions extrêmes, très éloignées d'un usage normal. Dans ces protocoles, des animaux sont exposés à des doses d'ondes radioélectriques dépassant largement le débit d'absorption spécifique (DAS) autorisé en Europe.

En revanche, les nombreuses études menées directement sur les populations humaines, y compris les grands utilisateurs de téléphones, n'ont révélé aucune augmentation significative du risque de développer un cancer cérébral, du foie ou du sang. Cette position rejoint d'ailleurs celle de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), qui était arrivée à une conclusion similaire après avoir analysé des milliers de recherches. Olivier Merckel, chef d'unité à l'Anses, précise la portée des travaux : « En agrégeant l'ensemble de ces données [...], notre conclusion est qu'elles ne conduisent pas à établir un lien de cause à effet. »

Pourquoi la prudence reste-t-elle de mise ?

Malgré ces conclusions rassurantes, l'Anses ne lève pas toutes les alertes et maintient fermement ses recommandations de prudence. L'agence sanitaire insiste sur l'importance d'adopter des gestes simples pour limiter son exposition, même si le risque n'est pas avéré. Il est conseillé de privilégier l'utilisation d'un kit mains libres ou du haut-parleur pour éloigner le smartphone de la tête et du corps.

Ces conseils s'appliquent tout particulièrement aux enfants, considérés comme une population plus vulnérable. L'agence souligne que les technologies et les usages évoluent très rapidement, avec le déploiement de la 5G et la multiplication des objets connectés. Il n'est donc pas exclu que de futures recherches apportent des éléments nouveaux. La surveillance épidémiologique doit donc se poursuivre pour confirmer ces résultats sur le très long terme.

Quels sont alors les véritables enjeux sanitaires du smartphone ?

Si le lien avec le cancer est écarté sur la base des connaissances actuelles, le smartphone n'est pas pour autant dénué d'impacts sur notre santé. L'Anses profite de son rapport pour rappeler que l'usage intensif des téléphones portables soulève d'autres questions sanitaires majeures, bien plus documentées. Ces appareils sont souvent associés à une augmentation de la sédentarité, un facteur de risque reconnu pour de nombreuses maladies chroniques.

Un autre effet néfaste bien connu est la perturbation du sommeil. L'exposition à la lumière bleue émise par les écrans, surtout le soir, peut dérégler notre horloge biologique et altérer la qualité du repos. L'agence recommande donc de conserver un « usage raisonné » de nos appareils, en se concentrant sur les dangers avérés plutôt que sur des risques aujourd'hui non démontrés.

Source : Anses