Aux États-Unis, le règlement de 1,5 milliard de dollars entre l'entreprise d'IA Anthropic et des milliers d'auteurs vient de subir un coup d'arrêt brutal. Ce qui devait être un accord modèle pour solder les accusations de violation de droits d'auteur est aujourd'hui suspendu par un juge qui ne mâche pas ses mots, laissant planer la menace d'un procès retentissant.

Un juge sceptique

Lors d'une audience, le juge William Alsup a exprimé son sentiment de malaise face à un accord qu'il estime loin d'être complet. Il redoute une entente conclue en coulisses qui serait ensuite imposée de force aux auteurs, les véritables victimes de l'affaire.

Se sentant trompé, le juge a fait savoir qu'il ne validerait rien sans des clarifications majeures, allant jusqu'à lancer de manière cinglante et selon des propos rapportés par AP : « Nous verrons si je peux me boucher le nez et l'approuver. »

Protéger les auteurs, le casse-tête du juge

La principale préoccupation du juge Alsup est de s'assurer que les auteurs ne se fassent pas avoir. Pour lui, le processus de réclamation est bien trop flou. Il exige une transparence totale pour que chaque ayant droit soit correctement informé et puisse choisir de participer ou non. Il a ainsi fixé des délais très stricts.

Une liste finale et non modifiable des quelque 465 000 livres piratés doit être soumise avant le 15 septembre. L'objectif est de garantir une juste compensation et offrir à Anthropic une sécurité juridique totale, empêchant que de nouvelles plaintes ne surgissent plus tard.

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Le monde de l'édition exprime son incompréhension

Cette décision a provoqué une onde de choc chez les représentants des auteurs et des éditeurs. La présidente de l'Association of American Publishers a vivement réagi, estimant que le tribunal « a fait preuve d'un manque de compréhension du fonctionnement de l'industrie de l'édition ».

Elle craint que les exigences du juge ne créent un processus de réclamation irréalisable qui, au lieu de résoudre le conflit, pourrait générer de nouvelles disputes entre auteurs et éditeurs. De son côté, la Authors Guild s'est dite confuse face aux soupçons du juge concernant son rôle. L'affaire sera réexaminée le 25 septembre.

Présenté comme historique, l'accord amiable concerne l'exploitation illégale de livres protégés par des droits d'auteur et téléchargés depuis des bibliothèques pirates. La pratique d'usage équitable (fair use) pour l'entraînement de l'IA Claude n'est pas remise en cause.

Source : AP