Les opérateurs sont prompts à revendiquer la meilleure qualité de service de leurs réseaux mobiles et personne ne veut évidemment se retrouver pointé du doigt pour une faiblesse qui pourra jouer dans le choix des abonnés au moment de changer de fournisseur de services mobiles.
C'est à qui aura la meilleure qualité d'appel ou le meilleur débit sur son réseau et les lauriers sont ensuite largement mis en avant dans les communications pour séduire les nouveaux abonnés.
Sont-ils allés jusqu'à tricher sur les données de mesure fournies au régulateur ? Le report de la publication des résultats pour 2024 sème le trouble, rapporte le journal La Tribune.
Des données de mesure surprenantes
L'Arcep aurait en effet trouvé des écarts de performance troublants entre opérateurs dans les zones (plus de 200 000 habitants) et les zones intermédiaires (10 000 à 200 000 habitants).
Le régulateur des télécommunications va mener ces prochaines semaines ses propres séries de mesures sur 2000 sites sur le territoire et les comparer avec les données fournies par les opérateurs.
Selon le quotidien économique, une enquête administrative a été ouverte avec un suivi direct de la présidente de l'Arcep, Laure de la Raudière, et Orange serait particulièrement visé dans ce cadre.
Les performances affichées par ses réseaux de l'opérateur historique sortiraient franchement du lot, ce qui a incité le régulateur à lancer des vérifications. Il est probable qu'un opérateur concurrent l'a alerté en réalisant ses propres mesures et en trouvant des différences par rapport aux données officielles.
L'examen des protocoles et la récupération de données de terrain sont en cours, en changeant les smartphones et les cartes SIM pour les tests, et il faudra attendre plusieurs semaines avant de pouvoir en tirer des conclusions.
Les opérateurs peuvent-ils tricher lors des mesures de l'Arcep ?
La Tribune note qu'il ne sera pas forcément facile de marquer la frontière entre l'optimisation réseau et la fraude avérée tant les conditions de test peuvent varier en fonction de nombreux paramètres.
L'une des explications aux différences observées pourrait venir de réglages spécifiques du réseau qui avaient été prévus pour l'événement mondial des Jeux Olympiques 2024 de Paris.
Un peu comme les fabricants de smartphones qui poussent leurs appareils mobiles à leur maximum lorsqu'ils détectent l'activation d'un benchmark, les opérateurs peuvent être tentés d'embellir leur réseau mobile lors des mesures de contrôle de l'Arcep.
Il reste ainsi à voir si un opérateur ne détecte pas l'activité inhabituelle provoquée par les smartphones de test sur son réseau et y répond en leur apportant des conditions d'accès optimales. Ces modifications seraient toutefois visibles dans les logs des antennes relais que l'Arcep a récupérées pour vérification.