C'est enfin fait ! Nouveau lanceur lourd européen modulaire et polyvalent, avec des coûts réduits de moitié par rapport à son glorieux aîné parti à la retraite l'été dernier, Ariane 6 a effectué son premier vol dans la soirée du mardi 9 juillet 2024. Une réussite qui permet à l'Europe de récupérer son autonomie d'accès à l'espace.

Après quatre ans de retard, la satisfaction et le soulagement sont largement palpables du côté des chevilles ouvrières d'Ariane 6 que sont l'Agence spatiale européenne (ESA), le Centre national d'études spatiales (Cnes), ArianeGroup et sa filiale Arianespace qui exploitera la nouvelle fusée.

En décembre prochain, l'exploitation commerciale d'Ariane 6 va débuter avec son premier vol opérationnel. Il devra placer sur orbite héliosynchrone le satellite d'observation militaire français CSO-3 (constellation Composante Spatiale Optique). Une mission dans une même configuration Ariane 62 (deux boosters) que lors du vol inaugural.

Un succès avec un bémol

Alors que les données acquises devront être finement analysées, la tenue de la mission pour le compte de la direction générale de l'Armement n'est pas remise en cause par le couac connu au cours du vol inaugural d'Ariane 6.

Contrairement à ce qui était prévu en fin de mission baptisée VA-262 (262e vol d'une fusée Ariane), les deux démonstrations de capsules de rentrée atmosphérique n'ont pas été larguées. Le plan a été contrarié par une anomalie qui s'est produite avec l'unité de propulsion flexible APU (Auxilary Power Unit).

Ce petit moteur auxiliaire utilise de petites quantités des ergols cryogéniques déjà présents dans les réservoirs principaux qui se vident pour préparer les rallumages en vol et l'alimentation du moteur Vinci. En raison de l'anomalie, le moteur Vinci n'a pas pu être rallumé une ultime fois et l'étage supérieur n'a pas été en mesure de procéder à sa rentrée dans l'atmosphère.

Un lancement d'Ariane 6 qui reste un succès

Désormais, le deuxième étage d'Ariane 6 orbite à environ 580 km d'altitude. D'une masse de plus de 2 tonnes, il pourrait rester en orbite pendant plusieurs années avant de se consumer dans l'atmosphère. Il est souligné que ce type de situation n'est pas inédit avec d'autres lanceurs.

" Le vol inaugural d'Ariane 6 était un vol de démonstration destiné à tester la capacité du lanceur à s'extraire de l'attraction terrestre ainsi que son comportement en vol. Néanmoins, plusieurs charges utiles avaient pris place à bord ", écrit l'ESA. L'essentiel de la mission a été accompli et les nanosatellites ont été mis en orbite.

Patron d'Arianespace, Stéphane Israël insiste sur le succès du premier vol d'Ariane 6 qui marque le début de sa carrière opérationnelle.