Oubliez la classique fraude à la carte bancaire, rendue plus complexe par la double authentification. La nouvelle plaie du commerce en ligne a un nom : le "refund". Cette technique, consistant à obtenir le remboursement d'un produit tout en le gardant, est devenue un sport national pour certains, causant plus d'un milliard d'euros de pertes chaque année en France.

Une pratique totalement illégale, mais que des milliers d'internautes exhibent sans complexe sur les réseaux sociaux comme un simple "bon plan".

Quelles sont les méthodes derrière cette escroquerie ?

La simplicité de cette arnaque est déconcertante. Tout repose sur l'exploitation d'une faiblesse majeure du système : la course effrénée à la satisfaction client dans un secteur ultra-concurrentiel. La première technique, la plus directe, consiste à déclarer un colis reçu vide. Pour le vendeur, la preuve est quasi impossible à apporter. Dans le doute, et pour éviter un avis négatif, il procède souvent au remboursement. Les experts nomment cela les "erreurs du dernier kilomètre".

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La seconde méthode est encore plus sournoise. Le fraudeur initie une procédure de retour, imprime l'étiquette fournie, mais renvoie un colis contenant un objet sans aucune valeur, mais d'un poids similaire. Une fois le colis scanné à l'entrepôt logistique, le processus de remboursement est bien souvent déclenché automatiquement, sans qu'une vérification humaine du contenu n'ait eu lieu. Le tour est joué, l'argent est récupéré et le produit initial conservé.

Comment cette pratique est-elle devenue un business ?

Ce qui n'était qu'une astuce isolée s'est transformé en une véritable activité lucrative et organisée. Sur TikTok ou Instagram, le hashtag #refund pullule, accompagné de vidéos où des internautes exposent fièrement leur butin. Les produits "à risque", comme les smartphones, les paires de baskets de collection ou les vêtements de marque, sont les plus ciblés car ils sont facilement revendables.

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Le phénomène a même atteint un stade de professionnalisation. Des "spécialistes" de la fraude proposent leurs services sur des messageries cryptées comme Telegram. Ils gèrent l'intégralité de l'opération pour un "client", en échange d'une commission de 30% sur la valeur de la commande. On assiste à la naissance d'une véritable économie de la micro-escroquerie, une sorte de sous-traitance du vol en ligne.

Quelle est la riposte des sites marchands ?

Face à ce fléau, les acteurs du e-commerce organisent la contre-attaque. Laure Littler, directrice générale d'Oneytrust, le martèle : il ne s'agit pas d'un acte anodin, "c'est du vol". La première mesure, et la plus visible, est le durcissement des conditions de retour et de remboursement. Le laxisme n'est plus de mise.

Mais la véritable bataille se joue sur le terrain technologique. Les entreprises déploient des outils d'intelligence artificielle pour analyser les comportements et détecter les schémas suspects. Un client qui signale systématiquement un problème, un pic anormal de réclamations sur un produit ou une zone de livraison... tout est scruté. Les récidivistes sont identifiés, fichés et bannis. C'est une course contre la montre permanente pour identifier les failles et colmater les brèches avant que les fraudeurs ne s'y engouffrent.

Foire Aux Questions (FAQ)

L'arnaque au "refund" est-elle vraiment illégale ?

Absolument. Il ne s'agit pas d'une astuce mais d'une escroquerie, assimilable à du vol. Les fraudeurs démantelés par les services de police et de gendarmerie ont été condamnés à rembourser des dizaines de milliers d'euros.

Quels sont les produits les plus ciblés par cette fraude ?

Les produits les plus visés sont ceux qui sont à la fois désirables et faciles à revendre sur le marché parallèle. Cela inclut principalement les produits high-tech (smartphones, écouteurs), les articles de mode (vêtements de marque) et surtout les paires de baskets de collection.