Le 27 novembre, la fusée Soyouz-2.1a a décollé sans incident apparent du cosmodrome de Baïkonour, au Kazakhstan, avec à son bord deux cosmonautes russes et un astronaute de la NASA.
La mission Soyouz MS-28 s'est arrimée avec succès à la Station Spatiale Internationale quelques heures plus tard, et l'équipage a pu rejoindre ses quartiers en toute sécurité.
Cependant, l'inspection post-lancement, une procédure standard, a révélé une réalité bien plus préoccupante au sol.
Des dégâts structurels d'une ampleur inattendue
L'agence spatiale russe, Roscosmos, a rapidement confirmé la nouvelle : plusieurs éléments du pas de tir ont été endommagés. Si l'agence a affirmé que les réparations seraient effectuées « dans les plus brefs délais », des images diffusées montrent des débris calcinés et des morceaux de structure effondrés dans la fosse d'évacuation des gaz, suggérant des dégâts bien plus sérieux qu'une simple avarie de routine.
Des analystes et des blogs spécialisés russes ont rapidement tiré la sonnette d'alarme. Les images semblent indiquer que le « service bay », une plateforme cruciale abritant des capteurs et des câblages essentiels sous la fusée, aurait été disloqué ou détruit par la puissance du décollage. Ce genre de dommage n'est pas anodin et nécessite une expertise pointue pour être réparé, surtout sur un lanceur comme le Soyouz.
L'unique porte de sortie russe vers l'espace
L'enjeu est colossal, car le site endommagé, connu sous le nom de Site 31/6, est actuellement la seule et unique installation que la Russie utilise pour ses lancements habités.
Héritage de l'ère soviétique, le cosmodrome de Baikonour est loué au Kazakhstan. L'historique « Rampe de Gagarine » (Site 1), d'où le premier homme est parti dans l'espace, a cessé ses opérations en 2019 et est en cours de transformation en musée.
Sans cette infrastructure, la Russie se retrouve de facto privée de sa capacité autonome à envoyer des humains en orbite, une première depuis les débuts de la conquête spatiale en 1961.
Le nouveau cosmodrome de Vostochny, construit sur le territoire russe, ne dispose pas encore des infrastructures finalisées pour ce type de mission. L'agence spatiale américaine, de son côté, s'appuie sur le vaisseau Dragon de SpaceX pour ses propres rotations d'équipage.
Quel impact pour la Station Spatiale Internationale ?
Si Roscosmos maintient un discours rassurant, affirmant disposer de toutes les pièces de rechange nécessaires, l'incertitude demeure. Des experts estiment que les réparations pourraient prendre plusieurs semaines, voire plus. Un tel délai pourrait sérieusement perturber le calendrier des missions de ravitaillement et de rotation des équipages vers la Station Spatiale Internationale ISS.
Le prochain vol cargo Progress est prévu pour décembre, suivi d'autres missions habitées et de ravitaillement en 2026. L'incident soulève donc des questions cruciales sur la fiabilité des infrastructures vieillissantes et sur la fragilité du programme spatial russe, dans un contexte où la coopération avec les États-Unis reste l'un des rares domaines de dialogue maintenus.