La biopsie : un mot qui à lui seul suffit à faire frémir. Cette procédure médicale, essentielle pour diagnostiquer le cancer, est souvent invasive, douloureuse et anxiogène. Et si cette époque était sur le point de se terminer ? Des scientifiques viennent de mettre au point une technologie digne de la science-fiction : un patch capable de lire à l'intérieur de nos tissus, sans douleur et sans prélever le moindre morceau de chair. Une véritable révolution pour la médecine.
Qu'est-ce que ce patch aux nano-aiguilles ?
C'est un patch, semblable à un petit pansement, mais sa surface est recouverte de dizaines de millions d'aiguilles microscopiques. Développées par des chercheurs du King's College London, ces nano-aiguilles sont mille fois plus fines qu'un cheveu humain. Lorsqu'on applique le patch sur un tissu, elles y pénètrent sur une profondeur infime, sans causer ni douleur ni dommage. Leur but n'est pas de retirer de la matière, mais de collecter une "empreinte moléculaire", une sorte de carte d'identité chimique des cellules qu'elles touchent.
Comment cette technologie fonctionne-t-elle ?
La magie opère en deux temps. D'abord, la collecte. Le patch est appliqué quelques instants sur la zone à analyser. Les nano-aiguilles capturent des milliers de molécules (lipides, protéines, ARN...). Ensuite, l'analyse. Cette "empreinte moléculaire" est passée au crible par des appareils de spectrométrie de masse et, surtout, par des algorithmes d'intelligence artificielle. L'IA a été entraînée à reconnaître les signatures moléculaires des tissus sains, des différents types de tumeurs ou d'autres maladies. Le résultat est d'une rapidité déconcertante : un diagnostic peut être posé en moins de 20 minutes.
Quelles sont les promesses de cette révolution médicale ?
Les promesses sont immenses, car cette technologie lève le plus grand verrou des biopsies traditionnelles. Puisque le tissu n'est pas détruit, on peut analyser la même zone à plusieurs reprises. Cela ouvre la voie à un suivi en temps réel de l'évolution d'une maladie ou de l'efficacité d'un traitement, ce qui était impossible jusqu'ici. Le Dr Ciro Chiappini, qui a dirigé la recherche, est enthousiaste : "Notre technologie ouvre de nouvelles façons de diagnostiquer et de surveiller les maladies de manière sûre et indolore, aidant les médecins et les patients à prendre des décisions meilleures et plus rapides".
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Cette technologie est-elle déjà disponible à l'hôpital ?
Non, pas encore. Elle a prouvé son efficacité dans des études précliniques, c'est-à-dire sur des tissus humains en laboratoire et sur des modèles de souris. Elle doit maintenant passer par la phase cruciale des essais cliniques sur l'homme pour valider sa sécurité et son efficacité avant d'espérer une autorisation de mise sur le marché.
Pour quelles maladies pourrait-elle être utile ?
Si la recherche actuelle se concentre sur le cancer du cerveau, son potentiel est bien plus large. Les scientifiques évoquent son utilité pour le suivi de la maladie d'Alzheimer, des maladies auto-immunes ou encore pour surveiller le risque de rejet d'organes après une greffe.
Comment sont fabriquées ces nano-aiguilles ?
Elles sont fabriquées avec les mêmes techniques que celles utilisées pour produire les puces informatiques. Cette méthode permet non seulement une production à grande échelle, mais aussi d'intégrer ces patchs à d'autres outils médicaux comme des pansements, des endoscopes ou même des lentilles de contact.