C'est une véritable partie de chat et de la souris qui se joue actuellement en Malaisie. D'un côté, des mineurs de cryptomonnaies opérant dans l'ombre. De l'autre, des autorités déterminées à mettre fin à un pillage énergétique sans précédent.
Le butin ? Plus d'un milliard de dollars d'électricité volée en seulement cinq ans au fournisseur national, Tenaga Nasional. Face à l'ampleur du phénomène, le gouvernement a décidé de passer à la vitesse supérieure.
Pourquoi cette traque est-elle devenue une priorité nationale ?
Le chiffre donne le vertige : 1,1 milliard de dollars. C'est le montant des pertes subies par la compagnie d'électricité publique en cinq ans, à cause de quelque 14 000 sites de minage clandestins. Le phénomène s'est emballé avec la flambée du cours du Bitcoin, qui a atteint des sommets à plus de 126 000 dollars en octobre dernier, rendant le vol d'énergie extrêmement lucratif.
Mais le vol n'est que la partie visible de l'iceberg. Akmal Nasrullah Mohd Nasir, le ministre adjoint en charge de la transition énergétique, tire la sonnette d'alarme. Selon lui, ces installations sauvages, très gourmandes en énergie, risquent de "casser nos infrastructures" et de déstabiliser l'ensemble du réseau d'électricité du pays, comme ce fut le cas par le passé en Iran ou au Koweït.
Quelles méthodes sont utilisées pour débusquer ces fermes illégales ?
Pour contrer des mineurs de plus en plus ingénieux, les autorités déploient un véritable arsenal de surveillance moderne. Des drones équipés de caméras thermiques survolent les zones suspectes, comme des centres commerciaux abandonnés ou des entrepôts, à la recherche de signatures de chaleur anormales. Au sol, des équipes utilisent des capteurs portatifs pour détecter les consommations électriques irrégulières, typiques des activités de minage.
Les mineurs, eux, rivalisent d'astuces pour rester invisibles. Ils se déplacent constamment, installent des boucliers thermiques pour masquer la chaleur de leurs machines et barricadent leurs entrées. Certains vont même jusqu'à diffuser des bruits d'oiseaux pour couvrir le vrombissement incessant de leurs serveurs. Un véritable jeu de dupes technologique.
Le crime organisé est-il derrière ce trafic ?
La sophistication et la mobilité de ces opérations illégales en Malaisie laissent peu de place au doute pour les autorités. Le ministre Akmal Nasrullah Mohd Nasir est formel : "C'est clairement géré par un syndicat". La capacité des opérateurs à déménager rapidement des fermes entières d'un endroit à l'autre suggère une logistique et une organisation qui dépassent le cadre de simples initiatives isolées.
Cette structure de type mafieuse explique la difficulté à éradiquer le phénomène. Le gouvernement a donc mis sur pied un comité spécial inter-agences pour coordonner la riposte. La question d'une interdiction pure et simple du minage de Bitcoin est même sur la table, tant il semble difficile de dissocier les activités légales des réseaux criminels.
Foire Aux Questions (FAQ)
Le minage de cryptomonnaies est-il légal en Malaisie ?
Oui, le minage est légal à condition que les opérateurs s'enregistrent, utilisent une source d'énergie légitime et paient leurs impôts. Cependant, la rentabilité de ces opérations légales est remise en cause par les autorités en raison de la forte volatilité du marché.
Quel est l'impact mondial du minage de Bitcoin ?
Le minage de Bitcoin est une industrie extrêmement énergivore. À l'échelle mondiale, elle consomme plus d'électricité que des pays entiers comme la Thaïlande ou l'Afrique du Sud. Les États-Unis représentent aujourd'hui plus de 75 % de cette activité.
Pourquoi le minage de Bitcoin consomme-t-il autant d'énergie ?
Le processus repose sur la résolution de calculs mathématiques complexes par des ordinateurs surpuissants. Cette compétition permanente pour valider les transactions et créer de nouveaux bitcoins demande une énorme puissance de calcul, et donc une consommation électrique colossale.