Des millions d’internautes, entreprises et administrations vivant entre le Moyen-Orient et l’Asie ont brutalement vu leur connexion ralentir depuis le 6 septembre.
Plusieurs câbles sous-marins stratégiques traversant la mer Rouge ont été sectionnés, forçant Microsoft et d’autres géants du cloud à rediriger leurs flux, alors même que les pannes pénalisent déjà de gros pays comme l’Inde, le Pakistan ou les Émirats arabes unis.
Ce n’est pas la première fois que cette zone géopolitique compliquée voit sa connectivité mondiale menacée, mais l’ampleur et la durée de l’incident inquiètent autant les opérateurs que les États.
Des câbles vitaux sectionnés : où, comment et pourquoi ?
La panne concerne les systèmes SEA-ME-WE-4 (South East Asia-Middle East-Western Europe 4) et IMEWE (India-Middle East-Western Europe), tous deux opérés par des consortiums majeurs du secteur avec Tata Communications et Alcatel Submarine Networks à la manœuvre. NetBlocks, référence dans l’analyse des réseaux mondiaux, a confirmé que ces câbles ont été coupés près de Jeddah, en Arabie Saoudite, zone réputée difficile d’accès et sensible sur le plan géopolitique.
Les causes restent incertaines, mais la région est le théâtre de tensions, notamment avec la présence de rebelles houthis du Yémen. Certains soupçonnent des sabotages ciblés, sans preuve formelle, tandis que la mer Rouge n’est pas étrangère aux coupures accidentelles par ancres ou autres incidents maritimes.
L’historique de la zone révèle d’ailleurs des précédents : AE-1, SEACOM ou EIG ont subi des dommages l’année précédente.
Conséquences immédiates : ralentissements massifs et cloud perturbé
La rupture de ces câbles longue distance a entraîné une dégradation de la connectivité Internet dans de nombreux pays concernés. Microsoft a averti les utilisateurs d’Azure, son infrastructure cloud, que le trafic passant par le Moyen-Orient affronterait dès le 6 septembre une hausse significative des délais de réponse et des ralentissements.
Les services impactés incluent la vidéoconférence, les jeux en ligne et le transfert de fichiers volumineux. Selon NetBlocks, les opérateurs locaux tentent de rediriger les flux via des itinéraires alternatifs — plus longs, donc moins performants — afin de maintenir une connectivité minimale, mais les débits restent insuffisants pour répondre à la demande. Des graphiques publiés sur les réseaux sociaux exposent nettement la chute de la bande passante.
Pourquoi la réparation est si longue : navires rares et contexte tendu
Face à une telle panne, il existe peu de solutions immédiates : les réparations nécessitent des navires spécialisés, capables d’opérer dans une zone maritime sous surveillance constante et exempte de risques. Ces ressources sont limitées, ce qui ralentit la prise en charge technique des infrastructures.
Les opérateurs hésitent à publier un calendrier de remise en état, tant les circonstances sont imprévisibles. En juillet 2024, le câble AAE-1 avait été réparé après plusieurs mois, alors que des incidents similaires avaient déjà émaillé l’année. Les données révèlent que les entreprises et particuliers doivent parfois patienter plusieurs semaines pour retrouver un service normal, comme ce fut le cas au Qatar en janvier.
Cette crise illustre la vulnérabilité des infrastructures mondiales et la dépendance croissante aux câbles sous-marins pour le fonctionnement de l’économie numérique. La mise en place de constellations satellite permettra-t-elle de mieux gérer la fragilité des câbles sous-marins ?
L’incident pose la question de la sécurisation des réseaux et des alternatives satellites ou terrestres, alors que les menaces (naturelles ou humaines) sur ces câbles essentiels se multiplient.
Les entreprises dépendantes de la connectivité entre l’Asie, l’Europe et le Moyen-Orient doivent s’adapter au ralentissement, tout en attendant la remise en état complète.
L’épisode interroge sur la résilience des infrastructures et la capacité de l’Internet à absorber des chocs majeurs sur ses “colonnes vertébrales”, alors que l’exigence de stabilité et de rapidité ne cesse de croître.