Non, le cancer du sein n'est plus seulement une maladie qui touche les femmes après 50 ans. Une vaste étude française, s'appuyant sur trente ans de données, confirme ce que les médecins observent dans leurs cabinets : l'incidence de la maladie explose chez les femmes de moins de 40 ans. Une tendance de fond qui inquiète et oblige à repenser en urgence les stratégies de prévention et de dépistage.

Quels sont les chiffres qui alarment les médecins ?

C'est la conclusion choc d'une vaste étude française, publiée dans la revue The Breast et menée par le Professeur Pascal Pujol en s'appuyant sur les données du réseau Francim. Les chiffres sont sans appel : entre 1990 et 2023, l'incidence du cancer du sein a connu une hausse continue et vertigineuse chez les femmes jeunes. On observe :

  • Une augmentation de 63 % des cas chez les femmes de la trentaine.
  • Une augmentation de 33 % des cas chez les femmes de la quarantaine.

Cette progression, de l'ordre de 1 à 1,5 % par an, est d'autant plus préoccupante que ces cancers précoces sont souvent plus agressifs. En chiffres absolus, on est passé de 2 000 à 3 000 nouveaux cas par an chez les moins de 40 ans en France. Une tendance lourde, également observée aux États-Unis et au Royaume-Uni.

Femme jeux vidéo 02

Quelles sont les causes suspectées de cette augmentation ?

Les chercheurs pointent d'abord du doigt l'évolution de nos modes de vie et des facteurs hormonaux connus : puberté plus précoce, âge de la première grossesse plus tardif, baisse de la fécondité et de l'allaitement... Mais ces changements sociétaux ne suffisent pas à tout expliquer, et les soupçons se tournent de plus en plus vers les facteurs environnementaux.

L'exposition aux polluants, aux pesticides, aux perturbateurs endocriniens présents dans les plastiques ou l'alimentation (comme le soja ou le bisphénol A), mais aussi la sédentarité, le stress et la consommation d'alcool sont autant de pistes sérieusement étudiées pour expliquer cette envolée des cancers dits "hormonodépendants".

Faut-il revoir la stratégie de dépistage en France ?

La question d'abaisser l'âge du dépistage organisé en France, actuellement fixé à 50 ans, est désormais sur la table. Ces chiffres alarmants montrent que des milliers de femmes passent sous les radars. Face à ce constat, les États-Unis ont déjà abaissé l'âge recommandé à 40 ans, et les experts européens préconisent de commencer à 45 ans.

radiographie

Pour le Professeur Pujol, il y a urgence à "être conscient de la hausse de l'incidence". Sans forcément généraliser la mammographie, qui peut être moins pertinente chez les femmes jeunes, il appelle à un "dépistage personnalisé renforcé" (échographie, IRM) et à une plus grande vigilance des médecins face à une "boule dans le sein" chez une patiente de moins de 40 ans.

Foire Aux Questions (FAQ)

Cette hausse est-elle due à un meilleur dépistage ?

Non. L'augmentation est observée chez les femmes de moins de 50 ans, une tranche d'âge qui n'est pas concernée par le programme de dépistage organisé du cancer du sein en France. L'augmentation du nombre de cas est donc bien réelle et non liée à une meilleure détection.

Les cancers du sein chez les jeunes femmes sont-ils plus dangereux ?

Oui, malheureusement. Les cancers du sein diagnostiqués avant 40 ans sont souvent de nature plus agressive, avec une évolution plus rapide. C'est pourquoi un diagnostic précoce est encore plus crucial pour cette population.

Que faire si je suis une femme jeune et que je suis inquiète ?

La première chose est de pratiquer l'autopalpation régulièrement pour connaître sa poitrine et détecter toute anomalie (boule, changement d'aspect de la peau, écoulement...). Au moindre doute, il ne faut surtout pas hésiter à consulter son médecin traitant ou son gynécologue, qui pourra prescrire les examens adaptés, comme une échographie mammaire.