L'été 2025 aura été éprouvant pour l’économie européenne, frappée par une succession de catastrophes naturelles inédites. Une nouvelle étude de l’Université de Mannheim, associée à la Banque centrale européenne, révèle que les canicules, sécheresses et inondations ont engendré des dizaines de milliards d’euros de pertes macroéconomiques au sein de l’Union

Mais derrière ces chiffres se cache une menace durable qui dépasse largement la seule saison estivale et risque de s'amplifier au fil des années, faute de décisions européennes pour la contrer.

Des chiffres inédits pour l’été 2025

L’étude met en lumière un phénomène rarement quantifié : la météorologie extrême coûte cher, et le montant observé en 2025 est sans précédent. Selon les chercheurs, « les événements climatiques extrêmes de l'été pourraient provoquer 43 milliards d'euros de pertes macroéconomiques dans l'Union européenne ».

OMM canicule rechauffement climatique

La baisse de 0,26% de la valeur ajoutée brute (VAB) — principal indicateur de la création de richesse par l’économie — fait peser une incertitude immédiate sur les ambitions de croissance.

Pas seulement un chiffre : ce coût traduit la réalité de familles, entreprises et infrastructures frappées de plein fouet. Les dommages s’étendent des routes aux récoltes, des zones touristiques aux systèmes énergétiques, avec des conséquences qui dépassent la simple saison estivale.

Des répercussions qui s’étendent sur plusieurs années

Contrairement aux idées reçues, les secousses financières ne cessent pas lorsque les catastrophes naturelles prennent fin. Selon l’étude, « l’impact économique s’intensifiera dans les années qui suivent ».

On estime ainsi que le coût global des extrêmes météorologiques de 2025 pourrait culminer à 126 milliards d’euros d’ici 2029, atteignant 0,78% de la valeur ajoutée brute de l'UE. Cette dynamique alarmante soulève la question : sommes-nous face à un nouveau cycle économique dicté par le climat ?

Les pays les plus touchés voient leur développement ralenti, leurs investissements reportés et leurs dettes s’alourdir. Cette lame de fond semble inexorable, et appelle à une adaptation stratégique profonde...mais difficile à mettre en oeuvre, faute de volonté politique.

Des secteurs économiques sous pression et une Europe divisée

Les secteurs les plus vulnérables pèsent lourd dans les pertes. L’agriculture subit particulièrement le contrecoup de la sécheresse et de la chaleur, exacerbant les baisses de rendement et la volatilité des prix.

chaleur

Le tourisme, pilier de nombreuses économies méditerranéennes, accuse lui aussi le coup, avec une fréquentation déstabilisée et des infrastructures sous-performantes.

Par ailleurs, le poids économique des catastrophes varie fortement d’un pays à l’autre. On observe une fracture nord-sud, certains Etats devant déjà consacrer une part croissante de leurs budgets à la réparation et à la prévention.

« Ce fardeau devrait encore s'alourdir dans les prochaines décennies », avertit Sehrish Usman, auteure principale du rapport.

L’Europe doit-elle repenser sa stratégie face au climat ?

Face à cette nouvelle réalité, une réaction collective semble incontournable. L’étude rappelle qu’« alors que le changement climatique accroît la fréquence et l’intensité des extrêmes », il faudra réinventer les politiques d’investissement, de prévention et d'adaptation.

Peut-on imaginer une Europe qui anticipe ces coûts et investit massivement dans la résilience ? Les enjeux dépassent le simple champ économique : ils concernent la stabilité sociale, la santé publique et la solidarité entre les Etats membres.

En France, une stratégie est en train d'être mise en place dans la perspective d'une montée des températures moyennes pouvant atteindre jusqu'à +4 degrés par rapport aux valeurs de référence d'ici 2100.

Toutefois, l'initiative reste soumise aux aléas politiques (changements de gouvernement, plans nationaux), à l'arbitrage des financements et à l'expression d'une volonté forte d'avancer sur le dossier.

Le Haut Conseil pour le Climat s'inquiétait récemment d'un recul de la volonté française de tenir les accords de Paris de la COP 21 signés en 2015 avec des conséquences de long terme qui impacteront forcément l'économie dans la mesure où les efforts non réalisés aujourd'hui seront beaucoup plus coûteux plus tard.