Les services d'urgence américains font face à une vague de cas déroutants : des consommateurs réguliers de cannabis se présentant avec des nausées incessantes et des vomissements violents.
Ce trouble, le syndrome d'hyperémèse cannabinoïde (SHC), a vu ses visites aux urgences exploser de près de 650% entre 2016 et son pic durant la pandémie. Face à cette augmentation, l'Organisation Mondiale de la Santé a agi.
Qu'est-ce que le "scromiting", ce symptôme dévastateur ?
Loin de l'image relaxante souvent associée au cannabis, le SHC se manifeste par des crises cycliques et brutales. Les symptômes incluent des nausées intenses, des vomissements répétés pouvant survenir jusqu'à cinq fois par heure et des crampes abdominales déchirantes. L'épisode est si douloureux que les patients crient en vomissant, une réalité qui a donné naissance au terme de "scromiting", contraction glaçante de "scream" (crier) et "vomiting" (vomir). Ce syndrome met en lumière les effets paradoxaux de cette drogue, où une substance connue pour ses propriétés anti-nauséeuses provoque l'effet inverse.
Un signe distinctif et presque unique de ce syndrome est le soulagement temporaire procuré par les douches chaudes. De nombreux patients en viennent à passer des heures sous l'eau pour apaiser la douleur, un comportement qui alerte souvent les médecins sur la bonne piste diagnostique.
Pourquoi assiste-t-on à une telle explosion des cas ?
Plusieurs facteurs expliquent cette recrudescence. La pandémie de COVID-19 a joué un rôle de catalyseur, avec le stress et l'isolement poussant à une augmentation de la consommation. Cependant, des moteurs plus profonds sont à l'œuvre. La légalisation croissante du cannabis a facilité l'accès à des produits toujours plus puissants. Les patients, souvent jeunes (18-35 ans), souffrent de cycles de vomissements et de douleurs abdominales qui peuvent durer des jours.
La puissance du THC dans les produits actuels est sans commune mesure avec celle des décennies passées, passant de moins de 5% dans les années 90 à plus de 20%, et dépassant souvent 90% dans les produits très concentrés comme les huiles ou les résines. Cette surexposition chronique au THC pourrait surstimuler le système endocannabinoïde du corps, déréglant ainsi son contrôle naturel sur les nausées.
Quelle est l'importance de la reconnaissance par l'OMS ?
Jusqu'à très récemment, le SHC était fréquemment confondu avec des intoxications alimentaires ou des gastro-entérites, menant à des erreurs de diagnostic coûteuses et à une errance médicale pour les patients. L'attribution d'un diagnostic officiel par l'OMS, effectif depuis le 1er octobre et adopté par le CDC américain, change la donne. Il permet enfin aux médecins d'identifier, de suivre et de documenter les cas de manière standardisée.
Cette reconnaissance légitime la condition et fournit des données cruciales pour la santé publique. Elle permet de mieux comprendre l'épidémiologie du syndrome et d'alerter sur le fait que la consommation de cannabis n'est pas sans risque. La seule solution véritablement efficace reste l'abstinence totale et l'arrêt de toute consommation, un défi pour les utilisateurs devenus dépendants.
Foire Aux Questions (FAQ)
Le SHC touche-t-il tous les consommateurs de cannabis ?
Non, il semble n'affecter qu'une partie des utilisateurs chroniques et intensifs. Les scientifiques ne savent pas encore pourquoi certains individus développent le syndrome et d'autres non, mais une consommation quotidienne et prolongée sur plusieurs années est un facteur de risque majeur.
Les médicaments anti-nausées sont-ils efficaces ?
La plupart du temps, les traitements standards contre la nausée sont inefficaces. Les médecins ont parfois recours à des médicaments plus puissants ou à des crèmes à base de capsaïcine. Le seul soulagement temporaire fiable rapporté par les patients reste l'exposition à une forte chaleur, comme des douches ou des bains très chauds.
L'arrêt du cannabis guérit-il définitivement le syndrome ?
Oui, l'arrêt complet de toute forme de consommation de cannabis est à ce jour la seule et unique cure connue pour le SHC. Après une période d'abstinence, qui peut prendre plusieurs semaines, les symptômes disparaissent complètement et ne reviennent pas tant que la personne n'en consomme plus.