Carlos Tavares, l'ancien patron de Stellantis, a profité d'une interview au Financial Times pour livrer une vision sombre et alarmiste de l'avenir automobile européen.
Selon lui, la stratégie de l'Union européenne, avec son dogmatisme sur la fin du thermique en 2035, est en train de tuer sa propre industrie au profit de la Chine.
Pourquoi les constructeurs chinois sont-ils les "sauveurs" de demain ?
Le scénario décrit par Tavares est on ne peut plus sombre. Il dénonce des normes d'émissions et une bureaucratie qui affaiblissent la compétitivité européenne. Cette réglementation impose une technologie, l'électrique, "excessivement onéreuse" pour les classes moyennes.
Pendant ce temps, la concurrence chinoise, qui représente bientôt 10% du marché, est "mieux préparée". Tavares prédit que le jour où un constructeur occidental sera en grande difficulté, un Chinois viendra racheter l'usine en gardant les emplois, et sera "considéré comme un sauveur".
L'Union européenne est-elle responsable de cette situation ?
L'ancien patron de Stellantis pointe un "dysfonctionnement plus que patent" des institutions de l'Union européenne. Il interroge : "Est-ce que quelqu'un a demandé des comptes à l'Union européenne sur les 50-100 milliards qui ont été gaspillés dans cette aventure ?".
Il vise directement l'interdiction des véhicules thermiques neufs en 2035. Il estime que ces investissements massifs, faits par les constructeurs pour respecter les normes, ne seront jamais rentabilisés et ouvrent un boulevard aux Chinois.
La Chine change-t-elle aussi ses règles ?
Ironiquement, pendant que l'Europe est critiquée pour ses règles, la Chine s'apprête à durcir les siennes. Pékin a annoncé une nouvelle réglementation pour le 1er janvier 2026. L'objectif : redorer le blason de ses véhicules propres à l'international.
Le ministère du Commerce va imposer des licences d'exportation strictes pour stopper la concurrence déloyale. Fini les exportateurs non régulés qui vendent des voitures neuves comme de l'occasion, sans aucun service après-vente ni pièces de rechange. La Chine mise désormais sur la qualité pour asseoir sa domination.
Foire Aux Questions (FAQ)
Quels constructeurs européens sont les plus menacés ?
Carlos Tavares s'inquiète pour tous les constructeurs historiques. Il cite Toyota et Hyundai comme étant agiles, mais il estime que même Stellantis est menacé d'éclatement, à cause des forces qui pèsent sur ses pôles français (Peugeot), italien (Fiat) et américain (Chrysler).
Pourquoi la Chine impose-t-elle des licences d'exportation ?
Pour mettre fin au "Far West". Des revendeurs non officiels exportaient des voitures neuves en les faisant passer pour de l'occasion, souvent sans garantir les pièces de rechange ou le SAV. Cela ternissait l'image de marque de l'industrie chinoise, que Pékin veut désormais positionner comme un acteur fiable et de haute qualité.
Qu'est-ce que la norme de 2035 critiquée par Tavares ?
C'est la réglementation de l'Union européenne qui interdit la vente de véhicules thermiques neufs (essence, diesel et même hybrides) à partir de 2035, pour imposer de fait les véhicules propres.