Le secteur de la santé française vient de recevoir un véritable électrochoc. Carmat, entreprise emblématique du cœur artificiel, a officiellement déclaré sa cessation de paiements, plongeant tout un pan de l’innovation médicale dans l’incertitude.
Cette annonce, qui fait trembler l’écosystème des medtechs, soulève de nombreuses questions sur la survie de la société, la continuité des soins pour les patients équipés et l’avenir de la recherche tricolore dans ce domaine.
Une chute brutale pour le pionnier du cœur artificiel
Depuis sa création, Carmat s’est imposée comme le symbole de l’audace technologique française dans le secteur médical. Son cœur artificiel, développé pour pallier la pénurie de greffons et offrir une alternative aux patients en insuffisance cardiaque terminale, avait suscité de grands espoirs.
Mais la réalité économique a fini par rattraper la société. Après avoir levé plus de 300 millions d’euros et bénéficié d’un soutien massif de l’État à ses débuts, Carmat annonce aujourd’hui ne plus pouvoir faire face à ses échéances financières.
La direction a donc décidé de demander l’ouverture d’une procédure de redressement judiciaire, une étape souvent synonyme de restructuration profonde, voire de cessation d’activité pure et simple.
Des conséquences immédiates pour les patients et l’écosystème
L’annonce de la cessation de paiements n’est pas qu’un simple fait divers économique. Elle a des répercussions concrètes pour les dizaines de patients équipés d’un cœur artificiel Carmat en France et en Europe.
L’entreprise assure vouloir continuer à fournir le suivi et l’assistance nécessaires, mais la situation reste précaire. Les professionnels de santé et les familles s’inquiètent : la continuité des soins pourra-t-elle être garantie à long terme ?
Cette incertitude pèse aussi sur l’ensemble du secteur des medtechs françaises, qui voyait en Carmat un modèle à suivre. Pour beaucoup, cette défaillance rappelle la fragilité des innovations de rupture, même lorsqu’elles bénéficient d’un fort soutien institutionnel.
Un avenir incertain pour l’innovation médicale française
Face à cette crise, la question de l’avenir de Carmat et, plus largement, de l’innovation médicale en France, se pose avec acuité. La société espère que la procédure de redressement judiciaire lui permettra de trouver de nouveaux investisseurs ou partenaires industriels capables de relancer la machine.
Mais rien n’est joué. Le contexte économique tendu, couplé à la concurrence internationale féroce, complique la donne. Certains observateurs redoutent que l’échec de Carmat ne refroidisse durablement les ardeurs des investisseurs dans le secteur des dispositifs médicaux innovants.
D’autres y voient au contraire une opportunité de repenser le modèle de financement et d’accompagnement des start-up deeptech en France. En attendant, l'opération de la dernière chance, une cagnotte en ligne s'appuyant sur la générosité du public, n'a pas vraiment atteint son objectif en levant moins de 20 000 €.
Très loin des 3,5 millions d'euros dont avait besoin l'entreprise pour maintenir les opérations à fin juin et des 35 millions d'euros indispensables pour fonctionner à l'année.