Le destin de Carmat, pionnier du cœur artificiel, bascule une nouvelle fois. Après avoir traversé une succession d’épreuves financières et réglementaires, l’entreprise phare de la medtech française a officiellement reçu une offre de reprise.
Entre incertitude sur l’issue judiciaire et espoirs des patients, le sort de l'entreprise française pionnière dans son domaine n'est pas encore scellé et pourrait rebondir malgré le contexte financier compliqué.
L'appel aux dons qui visait à lui apporter 3,5 millions d'euros rapidement pour faire face aux échéances financières et plus largement 35 millions d'euros pour maintenir ses activités sur 12 mois, n'a pas obtenu le résultat escompté.
Période critique : Carmat sous redressement judiciaire
Dès le 1er juillet 2025, Carmat s’est retrouvé plongé dans une procédure de redressement judiciaire. Cette décision, prise par le tribunal des affaires économiques de Versailles, traduisait les difficultés à maintenir une trésorerie suffisante pour garantir la poursuite de ses activités.
Comme l’indique la direction : la société s’est concentrée sur le support aux patients implantés avec le cœur Aeson, tout en limitant les projets secondaires afin de préserver au mieux les fonds disponibles. L’urgence était donc d’attirer un investisseur ou un repreneur capable d’assurer la continuité.
Un plan de cession et une offre enfin arrivée
L’appel à repreneurs lancé début juillet a abouti à la réception d’une offre de reprise en plan de cession, déposée dans les délais impartis au 31 juillet 2025. Cette proposition, remise à l’administrateur judiciaire, sera examinée lors de l’audience du 19 août 2025.
La direction insiste : à ce stade, rien ne garantit encore l’acceptation de l’offre, ni que la liquidation pourra être évitée à très court terme. Le sort de l’entreprise dépend donc largement de la décision du tribunal et de la solidité de la proposition soumise.
Marché et action boursière : suspension, chute, puis reprise
En parallèle de la demande de reprise, Carmat a suspendu la cotation de son action à compter du 30 juillet 2025, marquant un nouvel épisode de la chute boursière du titre. Depuis le début de l’année, le titre avait déjà accusé des pertes vertigineuses (jusqu’à -67 % en huit mois, -97 % sur cinq ans).
La réouverture de la cotation est prévue ce 4 août 2025, avec un marché fébrile et de nombreux investisseurs inquiets : même avec un sauvetage, la valorisation future demeure très incertaine.
Soutien aux patients et avenir du cœur artificiel
Au cœur de cette tempête, la priorité de Carmat a toujours été de maintenir le support aux patients porteurs d’un cœur Aeson. La société a ainsi choisi de suspendre toute nouvelle implantation durant l’été.
Elle continue parallèlement à préparer la publication des résultats de l’étude clinique EFICAS, tandis que la version longue durée du dispositif pourrait voir le jour fin 2025, à condition qu’une solution de financement soit actée.
La perspective d’un sauvetage apporte une once d’espoir non seulement pour la medtech française, mais surtout pour les patients en attente de solutions innovantes. Ce dossier illustre la difficulté de concilier innovation biomédicale, exigences de financement et aléas réglementaires dans le secteur de la santé.
Quel avenir pour Carmat ? Entre incertitude financière et innovation médicale
L’audience du 19 août s’annonce décidée pour l’avenir de Carmat. En cas de validation de l’offre, la société pourrait amorcer une nouvelle phase, à condition de sécuriser les fonds nécessaires à la relance.
À l’inverse, une issue défavorable entraînerait une liquidation, synonyme de fin de l’aventure industrielle pour l’entreprise et d’impasse dramatique pour certains malades.
Le marché et les observateurs attendent désormais un signal fort du repreneur sur sa capacité à financer l’industrialisation et la diffusion de l’Aeson. Pour Carmat, le challenge de la pérennité repose sur la transformation d’une innovation majeure en succès économique et médical.