La question de la corrosion sous contrainte des réacteurs nucléaires avait été un sujet compliqué pour EDF il y a quelques années. La détection de micro-fissures sur les installations avait obligé à arrêté certains réacteurs en plus d'un programme de maintenance bousculé par la pandémie.

La production d'énergie nucléaire, richesse de l'Hexagone, avait été prise en défaut par ses niveaux anormalement bas faisant craindre à un blackout électrique général durant l'hiver en cas de pic de consommation.

Un grand dispositif avait été imaginé avec l'éventualité de coupures d'électricité sur certaines régions et un appel à la sobriété énergétique qui avait été entendu par la population.

Corrosion sous contraintes, une cause multifactorielle

La grande coupure n'a finalement pas eu lieu grâce à une météo clémente et EDF a pu traiter cette question de corrosion sous contrainte en plus des maintenances. Mais elle peut réapparaître au fil du temps.

Le journal La Tribune indique que des micro-fissures ont été détectées récemment sur des tuyaux du réacteur 2 de la centrale de Civaux, dans la Vienne. La détection semble être heureusement précoce mais elle pourrait nécessiter un arrêt technique, alors même que l'autre réacteur de la centrale est en maitenance normale depuis le mois d'avril.

centrale nucléaire

Les fissures sont apparues sur une section qui avait déjà fait l'objet d'une réparation en 2022. Elles confirment que la gestion de la corrosion sous contrainte est un phénomène complexe difficile à maîtriser, au-delà de la géométrie tortueuse des tuyaux dans les installations, considérée comme l'une des causes principales mais pas unique de la formation des micro-fissures.

Quelles conséquences pour la production de tritium ?

Des analyses de l'ANSR (Autorité nationale de sûreté nucléaire) doivent confirmer ces prochaines semaines qu'il s'agit bien de corrosion sous contrainte. Les conclusions (et l'arrêt éventuel du réacteur) pourraient avoir une influence sur un autre élément : l'expérimentation de production de titrium indispensable aux armements atomiques, indique encore La Tribune.

centrale nucléaire civaux

Centrale de Civaux (credit : EDF)

Le tritium est utilisé dans la conception de bombes H (ou bombes thermonucléaires), pour la dissuasion nucléaire française, à partir de cartouches de lithium irradiées et la centrale de Civaux avait été choisie pour mener cette opération, fruit d'une collaboration entre EDF et le ministère des Armées.

Il reste donc à voir si l'expérimentation pourra être menée comme prévu. La centrale de Civaux avait été sélectionnée pour sa puissance (les deux réacteurs développent 1450W chacun) et sa jeunesse au sein du parc nucléaire français.

Si ce n'est pas la vocation première pour cette expérimentation en particulier, le tritium pourra également être utilisé plus tard pour amorcer des réactions de fusion nucléaire grâce à un plasma ultra chaud dans des réacteurs à fusion civils.

Source : La Tribune