La décision de la Chine de suspendre son projet de super collisionneur CEPC rebat les cartes dans la physique des particules.
Cette pause stratégique offre une opportunité inattendue au CERN, dont le projet concurrent, le Futur Collisionneur Circulaire (FCC), voit son horizon se dégager pour devenir le principal instrument de recherche mondial des prochaines décennies.
Une course scientifique mise sur pause
Depuis une décennie, deux projets titanesques s'observaient à distance. D'un côté, le Circular Electron Positron Collider (CEPC) chinois, un anneau de 100 kilomètres.
De l'autre, le Futur Collisionneur Circulaire (FCC) du CERN, un projet d'envergure similaire. L'objectif commun : succéder à l'actuel Large Hadron Collider (LHC) et explorer les 95% de l'univers encore inconnus, comme la matière et l'énergie noires.
CEPC, l'accélérateur de particules chinois
Contre toute attente, l'Académie chinoise des Sciences a décidé de ne pas inclure le CEPC dans son prochain plan quinquennal. Pékin préfère se concentrer sur un collisionneur plus modeste et de plus basse énergie, laissant pour l'instant son projet phare en suspens.
Quelles conséquences pour le projet européen ?
Pour Fabiola Gianotti, directrice générale sortante du CERN, cette nouvelle est une véritable « opportunité ».
Si le projet chinois avait été validé, il aurait probablement démarré bien avant le FCC, créant une concurrence féroce pour les financements et les talents scientifiques. Le retrait chinois offre à l'Europe une avance stratégique sur ce futur accélérateur de particules.
Le calendrier du CERN semble désormais plus serein. L'étude de faisabilité du FCC a reçu un avis très positif du Conseil de l'organisation en novembre. Une approbation finale du projet, estimé à plus de 15 milliards d'euros, pourrait intervenir dès 2028 pour une mise en service espérée à la fin de la décennie 2040.
Un avenir collaboratif ou des contestations locales ?
L'horizon n'est pas pour autant totalement dégagé. Localement, le projet FCC fait face à des oppositions notables, notamment du collectif Co-cernés. Ses membres s'inquiètent de l'impact écologique d'un chantier pharaonique, de la gestion des roches excavées à la consommation énergétique de l'installation.
Paradoxalement, la pause chinoise pourrait mener à une collaboration inédite. Wang Yifang, directeur de l'Institut de physique des hautes énergies chinois, a indiqué que si le FCC était approuvé, la Chine pourrait abandonner définitivement le CEPC pour rejoindre l'effort européen.
L'avenir de la physique des particules pourrait donc s'écrire non plus dans la compétition, mais dans une coopération scientifique mondiale.