Kevin Fong, docteur en médecine s'est récemment penché sur la question de la survie et comment l'exploration a transformé la médecine et les techniques de traitement et de soin au fil des années. Une grande partie de son livre, Extreme Medicine, aborde le sujet des prochaines explorations extrêmes comme les colonies envisagées sur Mars.
Pour commencer, les colons potentiels pourraient ainsi tout simplement décéder des suites de failles dans les boucliers anti radiations censées protéger les vaisseaux de transit. Il est actuellement impossible de se protéger totalement des différents types de radiations ( cosmiques GCR et solaires SEP). En outre, selon la période à laquelle les vaisseaux voyageront, ils seront soumis à plus ou moins de radiations. Et si une dose létale peut être évitée, l'exposition pourrait amener à diverses complications avec le temps, une fois sur la planète.
Ainsi, les derniers rapports indiquent que Curiosity aurait enregistré beaucoup moins de radiations que prévu lors de son voyage vers Mars. Mais le soleil est imprévisible, et une seule éruption pourrait émettre suffisamment de radiations pour tuer n'importe quel organisme vivant dans un vaisseau, le plus protégé soit-il. En dehors de la protection de tout champ magnétique planétaire, les colons pourraient ainsi être comparés à des aliments placés dans un four à microonde. D'autant que le soleil devrait atteindre le pic d'activité de son cycle de 11 ans justement à l'horizon 2022, seulement quelques années avant que Mars One ne lance son premier vol .
Une fois à la surface, les colons devront faire face à une force de gravité équivalente à un tiers de celle de la Terre. À ce stade, il n'est toujours pas déterminé si la gravité de Mars peut être à l'origine de problèmes de santé similaires à ceux développés lors de la vie en impesanteur ( circulation sanguine et des fluides en général, dégradation de la moelle osseuse, problèmes d'oreille interne, perte d'équilibre...). En outre, la pression atmosphérique ( et la composition des gaz) ne permettra pas de vivre sans combinaison sur le sol martien.
L'absence de magnétosphère sur Mars laisse la planète en proie aux radiations apportées par les vents solaires. Elles sont néanmoins atténuées d'un côté par la planète, de l'autre par son atmosphère et peuvent être détectées en avance.
Ces obstacles mis de côté se présentera une foule de défis : arriver à produire des ressources en quantité suffisante très rapidement pour gagner en autonomie. Les missions de ravitaillement coutant des milliards d'euros, il n'est pas envisageable d'en passer par cette étape. Or, les besoins ne se limiteront pas à l'alimentation et aux carburants : outils, médicaments, oxygène, eau, matières premières... Il est actuellement impossible de savoir ce que le sous-sol de Mars nous réserve en terme de quantité, de variété, ni si les minéraux ou métaux seront facilement accessibles pour envisager une exploitation.
L'horizon 2025 parait ainsi bien optimiste au regard des défis qui attendent l'homme souhaitant coloniser Mars. Autant dire qu'une simple mission d'une poignée de colons relève davantage du suicide que d'une véritable mission d'exploration.
[Crédit Photo BBC]