La hausse moyenne des températures à la surface du globe et dans les océans continue de progresser, selon les données d'observation, et les scientifiques commencent à penser que la limite de +1,5 degré décidée lors de la COP21 des Accords de Paris ne pourra pas être tenue tandis que celle à +2 degrés, qui n'évitera pas des événements climatiques majeurs et destructeurs, ne résistera peut-être pas non plus.
A ceci s'ajoutent des accélérations plus marquées dans certaines zones géographiques et l'Europe n'est pas épargnée puisqu'elle est plus touchée qu'ailleurs par ces hausses de température.
Se préparer à un changement climatique devenu inévitable
Dans ce contexte, la France doit se préparer à une hausse significative des températures sur le territoire national. Pour couvrir une large gamme de scénarios, le gouvernement travaille sur des mesures qui doivent permettre à l'Hexagone de s'adapter à des montées de températures moyennes jusqu'à +4 degrés.
La hausse réelle, avec les moyens mis en place actuellement, sera problablement plus proche des +3 degrés mais cela permettra de couvrir largement tout dérapage ou accélération imprévue en cas d'emballement de phénomènes naturels.
La ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runnacher a donc présenté le troisième plan d'adaptation au changement climatique (PNACC) avec le détail d'un ensemble de mesures qui doivent permettre de s'adapter à cette évolution.
Une cinquantaine de mesures, combinant actions actives et passives, doivent couvrir les problématiques d'adaptation au changement climatique mais aussi anticiper les financements des protections contre les catastrophes naturelles.
Protection des travailleurs exposés aux canicules, adaptation des transports, changement des règles de construction de logements pour anticiper les canicules intenses à venir font partie de ce nouveau plan qui sera conjoint à la poursuite de la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Une action ralentie par l'instabilité gouvernementale
Le PNACC était déjà attendu fin 2023 mais la dissolution de l'Assemblée Nationale et les changements rapides de gouvernement ont retardé son lancement officiel. Il répond à un appel du Haut Conseil pour le Climat qui estimait qu'un vrai plan coordonné était nécessaire, avec un vrai financement.
C'est justement sur ce point que le plan est critiqué. En décidant de mettre 300 millions d'euros dans le fonds Barnier de réponse aux vulnérabilités climatiques, une nouveau palier est franchi mais il ne suffira pas à affronter le mur d'investissement qui s'annonce.
Sécheresse au sud, inondations au nord, tempêtes océaniques à l'ouest, les menaces climatiques vont s'accélérer et s'amplifier ces prochaines décennies avec de nombreuses conséquences qui impacteront l'accès aux ressources essentielles, la productivité et la disponibilité des équipements.
Observateurs et ONG saluent donc un point de départ mais ils réclament un vrai suivi dans le temps et un renforcement des efforts avant que l'urgence climatique n'oblige à prendre des mesures en catastrophe qui seront aussi encore plus coûteuses.
Mais il reste à voir comment cette préparation pourra se faire alors que nouvelles urgences, de défense de l'Europe cette fois, émergent et vont nécessiter elles aussi des investissements et des adaptations à un moment où les caisses de l'Etat sont dégarnies.