L'année 2023 avait frôlé le seuil symbolique d'une température moyenne à la surface du globe augmentée de +1,5 degré par rapport à la référence pré-industrielle, l'année 2024 l'a finalement dépassé pour la première fois.

Outre la problématique inattendue de deux années extrêmement chaudes se suivant qui fait craindre un changement climatique plus rapide que prévu et alors que les assureurs viennent de faire du dérèglement climatique le premier risque pour les entreprises d'assurance, les scénarios d'évitement des grandes catastrophes climatiques semblent de plus en plus inaccessibles.

L'Accord de Paris obtenu au terme de la COP21 de Paris en 2015 prévoyait des efforts pour tenter de maintenir la hausse de la température moyenne de l'atmosphère sous +1,5 degré pour maintenir le climat actuel ou bien à défaut à sous +2 degrés en devant s'atteindre à des événements climatiques puissants et rapprochés.

Le mythique seuil de 2 degrés, déjà perdu ?

Au regard du rythme des efforts accomplis et de ce qui reste à faire, le pessimisme augmente sur notre capacité collective à pouvoir contenir la température moyenne à +1,5 degré et il serait déjà de fait trop tard, même en déclenchant des efforts plus soutenus.

Nombre de mécanismes naturels terrestres de régulation sont inertiels et intriqués, de sorte qu'ils vont produire des effets de long terme longtemps après la fin de ce qui les a déclenchés.

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Et désormais, le seuil de +2 degrés serait en train de nous échapper, selon James Hansen, ex-chef climatologue de la NASA, d'après une récente étude publiée estimant que certains phénomènes naturels d'accélération du changement climatique ont été sous-estimés.

A l'heure où les Etats-Unis se désengagent des accords climatiques et que plus généralement les plus gros pollueurs de la planète privilégient leur économie aux efforts de réduction du réchauffement climatique, et tandis que la course à l'IA, avec ses milliards pour produire des datacenters consommant d'énormes ressources, font oublier tous les efforts en cours, le scénario le plus optimiste du GIEC, tablant sur une forte diminution du volume de gaz à effet de serre émis pour se maintenir à +2 degrés, est devenu tout bonnement impossible.

Réchauffement climatique accéléré

L'impact des phénomènes naturels d'amplification du réchauffement climatique en zone marine aurait été sous-évalué, et en particulier l'effet des changements de certains grands courants marins.

Selon les nouvelles prévisions, nous sommes déjà à l'aube d'une phase où les températures moyennes seront majoritairement au-dessus de +1,5 degré par rapport aux températures pré-industrielles, alors que les prévisions antérieures envigeaient une année chaude tous les cinq ans et une accélération progressive sur la seconde moitié du siècle, tandis que les premières années à +2 degrés arriveraient dès 2045 (ce seuil a déjà été atteint ponctuellement une première fois en novembre 2023).

PIK limites planétaires Terre

Les limites planétaires du PIK

Rien ne semble donc pouvoir empêcher les événements climatiques de devenir plus puissants, fréquents et destructeurs. L'intelligence artificielle et le techno-solutionnisme comme la géo-ingénierie trouveront-ils des parades ou contribueront-ils à rendre la Terre invivable, c'est le défi des prochaines décennies.

En France, la résistance s'organise avec l'évaluation de scénarios où les températures moyennes augmenteraient de +4 degrés d'ici 2100 mais à l'heure des restrictions budgétaires et des incertitudes politiques, les bonnes volontés risquent d'être rattrapées par une réalité climatique précoce.

Source : Le Figaro / AFP