La Chine a dépassé son propre record de lancements orbitaux en 2025, avec plus de 70 tirs avant même la fin de l'année. Cette cadence, portée par les lanceurs étatiques et un secteur privé en plein essor, illustre la stratégie d'industrialisation de l'espace de Pékin, notamment pour le déploiement de sa méga-constellation GuoWang, rivale de Starlink.

Le week-end du 8 et 9 novembre a été particulièrement chargé pour le programme spatial chinois. Une série de tirs, incluant une fusée Longue Marche 11 depuis une plateforme marine et une Kinetica-1 commerciale, a permis au pays de franchir ce seuil symbolique, dépassant ainsi les 68 missions réalisées sur toute l'année 2024.

Ce rythme soutenu, avec encore plusieurs semaines au calendrier, témoigne d'une montée en puissance stratégique bien orchestrée, même s'il reste encore loin de la cadence de SpaceX (plus de 130 lancements à elle seule). 

Une cadence portée par une double dynamique

Cette accélération repose sur deux piliers complémentaires. D'un côté, le géant étatique CASC continue d'opérer ses lanceurs historiques de la famille Longue Marche et les navettes Shenzhou assurant des rotations avec la station orbitale Tiangong.

Longue Marche 12 lanceur decollage CNSA

De l'autre, un écosystème d'entreprises privées, comme CAS Space ou Galactic Energy, apporte une agilité nouvelle et diversifie les capacités de lancement, notamment pour les charges utiles plus légères.

Cette synergie permet à la Chine de répondre à une demande interne explosive et de décongestionner ses pas de tir terrestres.

Quels sont les objectifs derrière ces lancements ?

Les missions sont très variées et souvent opaques. Le tir de la Longue Marche 11 a mis en orbite trois satellites Shiyan-32. Officiellement dédiés à des expérimentations technologiques, les satellites de la série Shiyan sont souvent suspectés par les analystes occidentaux de tester des capacités duales, civiles et militaires, incluant des manœuvres de rendez-vous orbital.

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Parallèlement, le tir de la Kinetica-1 a déployé des satellites Chutian-2, conçus pour opérer en orbite très basse (VLEO), une altitude qui permet une observation de la Terre à très haute résolution mais exige des technologies avancées pour contrer la traînée atmosphérique.

GuoWang, le rival de Starlink prend forme

Une part significative de cette frénésie de tirs est consacrée au déploiement de la méga-constellation GuoWang. Conçue comme la réponse chinoise à Starlink, elle vise à créer un réseau internet satellitaire mondial de 13 000 satellites sous contrôle étatique.

Chaque mission est une brique ajoutée à cet édifice géopolitique majeur. Si la Chine reste encore loin des États-Unis en nombre total de lancements annuels, principalement dominés par l'hyper-cadence de SpaceX, sa stratégie coordonnée et industrielle démontre une ambition claire pour les orbites basses, où se jouera une partie de la souveraineté numérique et stratégique de demain.