La guerre de l'ombre a changé de visage. Oubliez les microfilms et les agents doubles. La nouvelle course à l'armement entre les superpuissances se joue désormais sur le terrain des algorithmes et des centres de données. Un rapport choc vient de détailler comment la Chine est en train de transformer ses services d'espionnage en machines de guerre informationnelle grâce à l'intelligence artificielle, déclenchant une compétition sans précédent avec les États-Unis.
Que révèle ce rapport sur la stratégie chinoise ?
Le rapport, publié par l'entreprise de cybersécurité Recorded Future, s'appuie sur l'analyse de données publiques comme des brevets déposés par l'Armée Populaire de Libération (APL). Il montre que les services de renseignement chinois ne se contentent plus de collecter des informations. Ils investissent massivement dans l'IA pour les traiter et les utiliser de manière stratégique. Le but est de créer des outils pour accélérer l'analyse, fournir des alertes précoces sur des menaces potentielles, et même aider les commandants à élaborer des plans opérationnels en cas de guerre.
Concrètement, à quoi va servir cette IA ?
L'objectif n'est plus seulement de collecter plus d'informations, mais de les traiter et de les comprendre plus vite que n'importe quel adversaire. L'IA est au cœur de cette nouvelle approche. Elle doit permettre aux services chinois de :
- Accélérer l'analyse : Traiter des volumes de données astronomiques (communications, images satellites, etc.) à une vitesse surhumaine pour en extraire des renseignements pertinents.
- Anticiper les menaces : Utiliser des modèles prédictifs pour fournir des alertes précoces sur des situations de crise potentielles.
- Assister les opérations militaires : Aider à la planification, au ciblage et à la prise de décision en cas de conflit.
Quelles technologies sont utilisées dans cette nouvelle course ?
Au cœur de cette révolution se trouvent les grands modèles de langage (LLM), la même technologie qui anime des outils comme ChatGPT. La Chine utiliserait un mélange de modèles, y compris des technologies occidentales d'OpenAI ou de Meta. Mais elle développe aussi ses propres champions, comme le nouveau modèle "DeepSeek", rapidement adopté par les contractants militaires. De l'autre côté du Pacifique, la riposte s'organise. Les agences américaines comme la CIA ont également intensifié leur usage de l'IA, notamment pour créer des "avatars virtuels" de dirigeants étrangers afin d'analyser leurs décisions.
Quels sont les risques et les limites de cet espionnage 2.0 ?
Cette nouvelle forme d'espionnage n'est pas sans défis. Le premier est un paradoxe sécuritaire : pour qu'une IA soit efficace en renseignement, elle doit être nourrie avec des données ultra-secrètes, ce qui crée une cible de choix pour les cyberattaques adverses. Le second défi est idéologique. Une intelligence artificielle entraînée sur des rapports chinois sera inévitablement formatée par l'idéologie du Parti Communiste. Le rapport note d'ailleurs avec intérêt que des chercheurs chinois s'inquiètent eux-mêmes de voir les "valeurs capitalistes" des modèles étrangers "infiltrer" leur propre travail de renseignement.
Les réponses à vos questions
Qui est Recorded Future ?
C'est une entreprise américaine de premier plan, spécialisée dans le renseignement sur les menaces informatiques (threat intelligence). Ses rapports, basés sur l'analyse de sources de données massives, sont considérés comme très fiables par les gouvernements et les experts en sécurité.
Comment les chercheurs ont-ils obtenu ces informations ?
Leur travail est basé sur l'analyse de sources ouvertes (OSINT). Ils ont épluché des documents publics comme des demandes de brevets de l'armée chinoise et des appels d'offres gouvernementaux, qui, une fois recoupés, révèlent une stratégie d'investissement claire.
Cette course à l'IA est-elle unilatérale ?
Non, absolument pas. C'est une véritable course à l'armement technologique. Le rapport se concentre sur la Chine, mais il précise bien que les agences de renseignement américaines et occidentales sont également engagées à fond dans le développement de leurs propres capacités d'IA pour ne pas se laisser distancer.