Pékin a diffusé les premières images officielles d'un tir réel du missile hypersonique anti-navire YJ-20 depuis un destroyer Type 055. Qualifié de « test de finalisation », cet essai signale une mise en service imminente de cette arme conçue pour déjouer les défenses navales adverses et asseoir la domination chinoise dans le Pacifique.

Les médias officiels de l'Armée Populaire de Libération (APL) ont récemment publié une vidéo très parlante. On y voit le destroyer lourd de Type 055, le Wuxi, lancer ce qui est présenté comme le missile anti-navire YJ-20.

C'est la toute première fois qu'un tir réel de cet armement depuis un navire de guerre est montré publiquement, un événement qui marque une nouvelle étape dans la modernisation à marche forcée de la marine chinoise.

Un « test de finalisation » lourd de sens

La terminologie employée par les autorités chinoises n'est pas anodine. L'événement est décrit comme un test de finalisation, ce qui dans le jargon militaire de Pékin, désigne généralement la dernière grande étape d'essais avant la conclusion de la phase de conception et le lancement de la production en série.

La vidéo montre d'ailleurs, sous plusieurs angles, que le missile est éjecté de sa cellule de lancement vertical (VLS) via une méthode de lancement à froid, avant que son propre moteur ne s'allume.

Bien que peu de détails techniques sur la portée ou les conditions de l'essai aient été révélés, cette communication très contrôlée suggère fortement que le YJ-20 est sur le point d'entrer en service opérationnel au sein des unités de première ligne de la marine chinoise, armant ses navires les plus modernes.

YJ-20 : une menace quasi imparable ?

D'après les analyses d'experts chinois comme Zhang Junshe, le YJ-20 est un missile hypersonique de type aérobalistique. Concrètement, il est composé d'un propulseur et d'un planeur biconique capable de dépasser Mach 5.

Cette forme particulière lui permet de générer des ondes de choc durant son vol à très haute vitesse, autorisant des manœuvres complexes et imprévisibles grâce à ses gouvernes, même dans la phase terminale de son approche.

C'est bien là que réside sa dangerosité. Le YJ-20 peut frapper sa cible selon une trajectoire quasi-verticale, à la manière d'un missile balistique, mais avec la capacité d'effectuer des corrections de trajectoire.

Combinée à sa vitesse extrême, potentiellement jusqu'à Mach 9 en phase terminale, cette agilité le rend extrêmement difficile à intercepter pour les systèmes de défense antiaérienne actuels qui protègent les flottes navales.

Le bras armé d'une stratégie maritime expansive

Le choix de la plateforme de lancement n'est pas un hasard. Le destroyer de Type 055 est le plus grand navire de combat de surface de la marine chinoise, un bâtiment polyvalent de plus de 10 000 tonnes conçu pour l'escorte de porte-avions, la lutte anti-navire et la défense aérienne de zone.

L'intégration du YJ-20 sur ce type de navire de guerre lui confère une capacité de frappe à longue portée redoutable. Ce couple arme-plateforme s'inscrit parfaitement dans la stratégie chinoise dite A2/AD (Anti-Access/Area Denial), visant à interdire l'accès à ses zones d'intérêt stratégique, comme la mer de Chine méridionale ou les abords de Taïwan.

En étant capable de menacer des navires à très grande valeur, comme les porte-avions, à des distances de plus de 1000 kilomètres, la Chine force ses adversaires potentiels à opérer beaucoup plus loin de ses côtes, étendant de fait sa propre profondeur stratégique et son influence navale.