Depuis son club de Mar-a-Lago en Floride, Donald Trump a officialisé un projet naval d'une ambition rare : la construction d'une nouvelle série de cuirassés lourdement armés, baptisés à son nom. La "Trump-class", dont le premier navire sera le USS Defiant, formera l'ossature d'une "Golden Fleet" destinée à projeter la puissance américaine sur les océans.

Le plan prévoit de lancer la construction de deux navires dans un premier temps, avec un objectif à terme de vingt-cinq unités. Une annonce spectaculaire qui intervient dans un contexte de tensions croissantes, notamment avec la Chine.

En quoi consistent ces nouveaux cuirassés "Trump-class" ?

Ces navires sont présentés comme une rupture technologique majeure. Selon la fiche technique de l'US Navy, la classe Trump sera "le navire de guerre le plus létal jamais construit", mesurant jusqu'à 268 mètres pour un déplacement de 30 000 à 40 000 tonnes, soit bien plus que les destroyers actuels. Trump lui-même les a qualifiés de "100 fois plus puissants que n'importe quel cuirassé jamais construit", promettant une force de frappe capable de redéfinir les batailles navales modernes.

classe Arleigh Burke 01

L'arsenal prévu est impressionnant : des missiles de croisière hypersoniques à capacité nucléaire, 128 cellules de lancement vertical pour des missiles Tomahawk, un canon à rail électromagnétique, des lasers et une panoplie d'autres armements. Ces plateformes deviendraient les vaisseaux amiraux de la marine, incarnant une nouvelle doctrine de suprématie technologique écrasante.

L'industrie américaine a-t-elle les moyens de ses ambitions ?

C'est ici que le bât blesse. Le projet de Trump se heurte à une réalité industrielle difficile. Le secrétaire à la Marine, John Phelan, a lui-même qualifié l'état des programmes de construction navale de "désastre", citant des retards systématiques et des dépassements de budget colossaux. Les exemples de programmes précédents ratés ne manquent pas, comme la frégate de classe Constellation annulée après des milliards de dollars dépensés, ou les destroyers Zumwalt dont la flotte a été réduite de 32 à seulement 3 unités.

classe Arleigh Burke

Les chantiers navals américains sont déjà saturés et font face à une grave pénurie de main-d'œuvre qualifiée. L'analyste Carl Schuster, ancien capitaine de l'US Navy, souligne qu'un programme de recrutement et de formation à l'échelle nationale serait indispensable. Sans une refonte profonde de l'outil industriel, le rêve de la "Golden Fleet" pourrait rapidement tourner au cauchemar logistique.

Quel est le coût du projet et quel rôle pour les alliés ?

Le coût exorbitant est une autre interrogation majeure. Chaque cuirassé de la classe Trump pourrait coûter jusqu'à 15 milliards de dollars, à comparer aux 2 milliards d'un destroyer de classe Arleigh Burke, l'actuelle colonne vertébrale de la flotte. Face à ce mur financier et industriel, l'administration Trump semble se tourner vers ses alliés. Une coopération internationale est envisagée pour relancer la construction navale américaine.

Zumwalt

L'implication du géant sud-coréen Hanwha Ocean, qui a racheté et investi massivement dans le chantier naval de Philadelphie (Philly Shipyard), est un signe clair de cette stratégie. Ce partenariat, salué par Trump, pourrait permettre de bénéficier de l'expertise et de la capacité de production d'un leader mondial du secteur. Cette ouverture est une nécessité pour espérer tenir les délais et maîtriser les coûts.

Ces super-cuirassés sont-ils une bonne stratégie militaire ?

Au-delà des défis techniques, la pertinence stratégique de ces mastodontes est débattue. Concentrer autant de puissance de feu sur une plateforme unique et extrêmement coûteuse la transforme en une cible de très haute valeur. Face aux missiles balistiques anti-navires chinois, comme le fameux DF-26 surnommé le "tueur de porte-avions", la vulnérabilité de tels navires est une préoccupation centrale.

De plus, la guerre des drones, comme l'a démontré le conflit en Ukraine, a prouvé que des plateformes peu coûteuses peuvent neutraliser des navires bien plus imposants. De nombreux experts plaident pour une flotte plus distribuée, composée de navires plus petits, plus nombreux et potentiellement autonomes. Le pari de Trump va à contre-courant de cette tendance, misant tout sur une supériorité technologique massive mais concentrée.

Foire Aux Questions (FAQ)

Combien de cuirassés "Trump-class" sont prévus ?

Le plan initial annonce la construction de deux navires pour commencer, avec une ambition à long terme pouvant aller jusqu'à 25 unités au total pour constituer la "Golden Fleet".

Quels armements équiperont ces nouveaux navires ?

L'arsenal est présenté comme révolutionnaire, incluant des missiles de croisière hypersoniques à capacité nucléaire, plus d'une centaine de cellules de lancement vertical, un canon à rail électromagnétique, des systèmes lasers et des canons conventionnels.