Le laser a la puissance d'une veilleuse, le satellite est à 36 000 kilomètres au-dessus de nos têtes. Pourtant, le débit de données est cinq fois plus rapide que celui de Starlink. C'est la prouesse technologique que des scientifiques chinois viennent d'accomplir. Ils ont réussi à surmonter l'un des plus grands obstacles à l'internet du futur. Une avancée qui positionne la Chine comme un acteur incontournable dans la nouvelle course à l'espace.

Starlink

En quoi consiste cette prouesse technologique chinoise ?

L'exploit est de taille. Des chercheurs chinois ont réussi à transmettre des données à une vitesse de 1 Gigabit par seconde (Gbps) depuis un satellite en orbite très haute (géostationnaire, à 36 000 km) en utilisant un laser de très faible puissance, à peine 2 watts. C'est une performance qui, sur le papier, surpasse largement les capacités du réseau Starlink de SpaceX, dont les milliers de satellites opèrent à une altitude 60 fois plus basse. Réussir une telle transmission à si longue distance avec si peu de puissance était considéré comme un défi immense.

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Comment ont-ils réussi à surmonter les obstacles atmosphériques ?

Le principal ennemi de la communication par laser depuis l'espace, c'est la turbulence de notre atmosphère. Elle déforme et affaiblit le signal lumineux, un peu comme la chaleur déforme l'air au-dessus d'une route en été. Pour contrer cet effet, l'équipe chinoise a développé une méthode innovante baptisée "synergie AO-MDR".

  • L'Optique Adaptative (AO) : Le télescope de réception, sur Terre, est équipé de 357 micro-miroirs qui se déforment en temps réel pour "redresser" le faisceau laser et corriger les distorsions.
  • La Réception en Mode Diversité (MDR) : Le signal, même corrigé, est encore dispersé. Cette technique permet de le capter sur plusieurs canaux et un algorithme choisit en permanence les trois meilleurs signaux pour reconstituer les données de manière fiable.

C'est la combinaison de ces deux techniques qui a permis d'obtenir un signal stable et puissant, malgré la distance et la faible puissance du laser.

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Quelles sont les implications de cette avancée ?

Cette réussite n'est pas qu'une simple expérience de laboratoire. Elle pourrait changer la donne pour les communications mondiales. En prouvant qu'il est possible de transmettre des données à très haut débit depuis l'orbite géostationnaire avec peu d'énergie, la Chine ouvre la voie à un internet par satellite plus rapide et plus efficace. Cette technologie pourrait dépasser les limites de bande passante des ondes radio traditionnelles et avoir des applications concrètes : streaming en très haute définition sans interruption, GPS plus précis, et surtout, des communications plus fiables pour les futures missions d'exploration spatiale vers la Lune ou Mars.

Plus de questions

Pourquoi est-ce si difficile de communiquer avec un laser depuis l'espace ?

Le défi majeur est la turbulence atmosphérique. Les différentes couches de l'atmosphère terrestre, avec leurs variations de température et de densité, agissent comme des milliers de lentilles mouvantes. Elles dévient et déforment le faisceau laser de manière imprévisible, ce qui brouille le signal et peut couper la communication.

Cette technologie est-elle vraiment meilleure que Starlink ?

En termes de vitesse brute sur une seule liaison, l'expérience chinoise (1 Gbps) est supérieure aux débits typiques de Starlink (quelques centaines de Mbps au mieux). Cependant, il faut comparer ce qui est comparable. Il s'agit ici d'une démonstration technologique depuis un seul satellite, tandis que Starlink est un service commercial déjà opérationnel avec des milliers de satellites. L'avantage de la Chine est de le faire depuis une orbite bien plus lointaine.

Qui sont les scientifiques derrière cet exploit ?

Il s'agit d'une équipe de chercheurs chinois menée par le professeur Wu Jian de l'Université des Postes et Télécommunications de Pékin, en collaboration avec Liu Chao de l'Académie des sciences de Chine. L'expérience a eu lieu à l'observatoire de Lijiang.