La promesse d'une transition douce vers une vie sans tabac se fissure. Alors que 7,9 % des adultes en France utilisent désormais une cigarette électronique, un chiffre publié par Santé publique France jette un pavé dans la mare : 47,7 % des vapoteurs quotidiens sont aussi des fumeurs réguliers de tabac.
Cette double consommation annule les bénéfices potentiels de la vape et interroge sur son rôle réel dans le parcours des fumeurs.
Pourquoi tant de vapoteurs continuent-ils de fumer ?
Pour de nombreux utilisateurs, la cigarette électronique ne remplace pas la cigarette classique, elle s'y ajoute. Ce phénomène de double usage révèle que la dépendance n'est pas qu'une simple affaire de nicotine. Le geste, les rituels et le contexte social pèsent lourd dans la balance. On vapote au bureau, mais on allume une cigarette en soirée, avec des amis ou lors d'un pic de stress.
Cette pratique est loin d'être sans conséquences. Les tabacologues sont formels : réduire sa consommation de tabac ne suffit pas à éliminer les risques cardiovasculaires et cancérologiques. La dépendance à la nicotine est simplement entretenue sur deux supports différents, tandis que la cigarette traditionnelle conserve sa place de marqueur social dans des situations précises que la vape peine à combler.
Le lobbying de la vape a-t-il fait reculer l'État ?
Le débat a pris une tournure politique avec la controverse autour de l'article 23 du projet de loi de finances. Ce texte visait à encadrer plus strictement la vente des produits du vapotage, notamment via une fiscalité dédiée et une interdiction de la vente en ligne pour protéger les mineurs. Face à une forte mobilisation, l'article a été retiré, une décision que le Comité national contre le tabagisme (CNCT) qualifie d'« offensive médiatique orchestrée » par l'industrie du tabac et de la vape.
Le CNCT dénonce des entreprises qui se présentent en défenseurs de la santé publique alors que leurs intérêts économiques priment. Pour preuve, une de leurs études révèle qu'un tiers des enseignes spécialisées acceptent encore de vendre des produits du vapotage à des mineurs, malgré la loi. Pour l'organisme, voir des acteurs commerciaux dicter la politique sanitaire du pays est un signal extrêmement inquiétant.
Quelle est la réelle efficacité de la vape pour le sevrage ?
L'un des arguments phares du lobby, selon lequel la vape serait « 95 % moins nocive » que le tabac, est vivement contesté par le CNCT, qui affirme qu'aucune étude scientifique rigoureuse ne valide ce chiffre. Il est crucial de rappeler que la cigarette électronique n'est pas un médicament. Contrairement aux substituts nicotiniques (patchs, gommes), dont l'efficacité est prouvée et qui sont remboursés par l'Assurance maladie, la vape ne bénéficie d'aucune autorisation de mise sur le marché thérapeutique.
Foire Aux Questions (FAQ)
Le vapotage est-il plus fréquent chez certaines populations ?
Oui, les données montrent que le vapotage est plus répandu chez les populations socialement fragiles. Par exemple, 8,2 % des personnes en situation financière difficile vapotent quotidiennement, contre 4,2 % chez celles qui sont à l'aise financièrement. Les ouvriers et employés présentent également des taux plus élevés.
Tous les vapoteurs sont-ils d'anciens fumeurs ?
La quasi-totalité. Près de 98 % des vapoteurs ont été ou sont encore fumeurs. Cependant, un chiffre inquiète les autorités sanitaires : 2,8 % des vapoteurs quotidiens n'avaient jamais fumé auparavant, ce qui suggère que la vape peut agir comme une porte d'entrée vers la dépendance à la nicotine.
Les aides au sevrage traditionnelles sont-elles remboursées ?
Oui, en France, les substituts nicotiniques validés (patchs, gommes, pastilles, inhaleurs) sont remboursés à hauteur de 65 % par l’Assurance maladie. Ils peuvent être obtenus avec ou sans prescription médicale dans le cadre d'une démarche de sevrage tabagique.