Comme les autres pays européens, la France s'est engagée à réduire ses émissions de gaz à effet de serre (GES) afin de limiter la hausse des températures moyennes et tenter de limiter les conséquences du réchauffement climatique.
Le projet est d'arriver à une neutralité carbone d'ici 2050, avec des objectifs forts prévoyant des réductions de près de 5% d'émissions par an entre 2022 et 2030, alors que les réductions n'ont été que de moins de 2% annuellement ces dernières années.
La récente conférence COP27 de Charm el Cheikh (Egypte) a montré la difficulté de s'accorder sur ces enjeux pourtant vitaux pour la population mondiale et les trajectoires pour limiter la montée des températures à +1,5 ou même +2 degrés celsius sont déjà quasiment hors d'atteinte.
Des émissions qui ne baissent pas...
Dans son dernier baromètre couvrant les neuf premiers mois de l'année (avec quelques projections pour les derniers mois), le Citepa, organisme chargé de suivre l'évolution de la réduction des émissions de GES, le niveau d'émission mensuel en 2022 est resté jusqu'à présent quasiment identique à celui de 2021, n'affichant qu'une baisse de 0,3% en moyenne.
L'une des raisons principales reste l'arrêt des réacteurs nucléaires pour maintenance, ce qui a conduit à une utilisation renforcée des centrales thermiques et une hausse de 12% des émissions du secteur de l'énergie par rapport à 2021.
GRDF annonçait ainsi il y a peu une année record pour la consommation de gaz destiné à la production d'électricité tandis que le gouvernement a finalement décidé de maintenir en activité plusieurs centrales à charbon, et même à ouvrir le cite de Saint-Avold.
Pour le secteur tertiaire, les réductions d'émissions de CO2 ont été effectives durant le premier semestre (grâce à un hiver doux) et l'été mais ont commencé à remonter au-dessus des niveaux de 2021 depuis septembre.
Malgré tout, entre ces facteurs saisonniers et les effets des mesures de sobriété énergétique qui ont permis de réduire la consommation d'énergie, les émissions de GES issues du secteur tertiaire ont reculé de 11% par rapport à l'an dernier.
Du côté du transport, le conflit ukrainien et la hausse des prix des carburants ont contribué à augmenter le niveau d'émission en début d'année avant d'amorcer une baisse durant l'été puis de nouveau une légère hausse à partir de septembre. Le total tend vers une légère hausse des émissions, de l'ordre de 4%.
Le secteur de l'industrie a été touché par les difficultés d'approvisionnement et la hausse du coût de l'énergie, entraînant une baisse de la production et se traduisant en retour par une baisse de 5% des émissions de gaz à effet de serre sur les neuf premiers mois de 2022.
Des astreintes financières qui vont redoubler
Une réduction sérieuse des émissions de gaz à effet de serre ne sera donc pas encore pour cette année, entre efforts internes insuffisants et circonstances extérieures compliquées.
Si 2050 peut encore sembler lointain, les efforts sont encore très loin d'être suffisants ne serait-ce que pour amorcer une véritable baisse des émissions de gaz à effet de serre, avec le risque de sanctions pour manquements aux engagements pris.
Cela ne va pas faire les affaires du gouvernement, déjà pointé du doigt à plusieurs occasions pour son manque d'action en faveur du climat et les associations de défense de l'environnement sont déjà aux aguets pour mettre la pression et réclamer de nouvelles astreintes financières jusqu'à obtenir un véritable engagement de l'Etat contre le réchauffement climatique.