Pour assurer les premières étapes du déconfinement et éviter le risque d'une recontamination rapide, les gouvernements européens ont déjà mis en place ou réfléchissent à disposer d'une application mobile de tracking qui permettrait d'alerter la population d'un risque potentiel en détaillant le parcours des personnes contaminées.
Déjà utilisées en Asie, ces applications posent toutefois le problème de la collecte et de l'utilisaiton des données personnelles, durant la crise sanitaire mais potentiellement aussi après.
L'Europe, en pleine réflexion sur les conséquences d'une telle récupération d'informations dans le cadre du RGPD, voudrait avoir son mot à dire avant que chaque Etat fasse les choses à sa façon.
Le contrôleur européen de la protection des données (CEPD) appelle donc dans un message diffusé ce 6 avril à privilégier une approche supra-nationale avec une application européenne unique pour laquelle la protection des données sera une obligation dès la conception ("by design"), plutôt que de bricoler des sécurités sur des applications existantes.
Une approche unique et standardisée serait plus efficace qu'une effervescence de multiples applications dont il faudrait vérifier une par une la conformité du traitement des données et les intentions de leurs auteurs.
Une application mobile Covid-19 européenne utilisant la technologie Bluetooth pourrait aussi obtenir le soutien de l'OMS pour garantir la protection des données. Plusieurs applications mobiles ont déjà commencé à être mises en place par certains Etats, rappelle Reuters, tandis que certains opérateurs mobiles ont fourni des données de localisation anonymisées sous forme d'agrégats statistiques aux autorités et instituts de recherche pour l'étude de la propagation du virus.
L'Autorité de surveillance de la protection des données relève que des outils nationaux indépendants ne permettront pas de sortir de la crise et qu'une approche plus large, au niveau européen, sera plus adaptée pour surmonter la crise sanitaire.
En procédant ainsi, elle veut notamment garantir l'aspect temporaire des mesures de surveillance et s'assurer que leur portée reste limitée à l'usage prévu de lutte contre la pandémie, avec un retour à la normale lorsque cet outil ne sera plus nécessaire.