C'est une catastrophe sociale qui se joue en silence, loin des grands titres. Depuis le déploiement en "présérie" du nouveau logiciel de gestion Arpège en octobre 2024, les Caisses Primaires d'Assurance Maladie (CPAM) de Loire-Atlantique et de Vendée sont au cœur d'une tempête.

Un bug informatique majeur paralyse le versement des indemnités journalières, laissant des milliers de personnes en arrêt maladie, en congé maternité ou en mi-temps thérapeutique sans ressources pendant des mois.

Comment un logiciel a-t-il pu créer une telle précarité ?

Le logiciel Arpège devait moderniser et unifier la gestion des dossiers de l'Assurance Maladie. Mais son lancement expérimental dans deux départements a révélé des failles béantes. Qualifié de "bombe à retardement" par les syndicats dès 2020, l'outil, jugé "non abouti", bloque de manière aléatoire le paiement des indemnités journalières.

Pour les assurés, c'est le début d'un parcours du combattant. Dossiers incomplets malgré de multiples envois, promesses de traitement d'urgence non tenues, appels quotidiens sans résultat... Les témoignages qui affluent sur le groupe Facebook "Les sinistrés de la CPAM 44 & 85" décrivent une machine administrative devenue folle.

Quelle est l'ampleur du désastre humain et financier ?

Derrière les lignes de code, la réalité est brutale. Des assurés se retrouvent dans une "situation d'extrême précarité". C'est le cas d'Audrey, une juriste nantaise qui, après une opération, n'a touché que 300 euros en six mois. "Mes IJ devraient représenter 400 à 500 euros par mois mais elles n’arrivent jamais", témoigne-t-elle, avant de lâcher cette phrase terrible : "Trop souvent, je me suis retrouvée avec le frigo vide, j’ai un fils que je ne peux pas toujours nourrir".



Cette situation est une double peine pour des personnes déjà fragilisées par la maladie. L'ampleur du problème est systémique : la Loire-Atlantique et la Vendée concentrent à elles seules 25 % de toutes les réclamations nationales adressées à l'Assurance Maladie.

Quelle est la réponse de la CPAM face à la crise ?

Face à la grogne, la CPAM de Loire-Atlantique a reconnu une "dégradation du délai des traitements" et des "anomalies" liées à la "présérie" du logiciel. L'organisme assure travailler à la correction des bugs et promet une finalisation de la "reprise des arrêts de travail dont la bascule n’a pas pu se faire correctement" d'ici la fin du mois d'octobre. Cependant, la confiance est rompue. Les syndicats, comme la CGT, dénoncent un lancement précipité.



Pendant que des rumeurs sur un abandon pur et simple du projet à plusieurs millions d'euros circulent, son déploiement national, initialement prévu pour début 2025, n'a plus de date. Pour les milliers de victimes, l'urgence n'est pas dans le calendrier informatique, mais dans leur quotidien.

Foire Aux Questions (FAQ)

Quels sont les départements concernés par le bug du logiciel Arpège ?

Pour l'instant, le logiciel Arpège est en phase d'expérimentation et les dysfonctionnements majeurs concernent uniquement les assurés des caisses primaires d'assurance maladie (CPAM) de la Loire-Atlantique (44) et de la Vendée (85).

Qui sont les assurés les plus touchés par ces retards de paiement ?

Les bugs du logiciel Arpège affectent principalement les dossiers considérés comme plus complexes que les arrêts maladie courts. Les victimes sont majoritairement des personnes en arrêt maladie de longue durée, en maladie professionnelle, victimes d'un accident du travail, en congé maternité ou en reprise à mi-temps thérapeutique.

Que faire si je suis victime de ces dysfonctionnements ?

Il est conseillé de multiplier les points de contact : contacter la CPAM par téléphone au 36 46, se déplacer physiquement dans un point d'accueil si possible, et documenter chaque échange. De nombreux assurés se sont regroupés sur le groupe Facebook "Les sinistrés de la CPAM 44 & 85" pour partager leurs informations. En dernier recours, il est possible de faire appel à un défenseur des droits pour faire valoir sa situation.