Lors d'un échange avec des lecteurs de la presse régionale du groupe Ebra à Mirecourt, Emmanuel Macron a dévoilé son intention d'instaurer un nouveau dispositif juridique pour contrer les violences numériques. Interpellé par le témoignage d'une femme victime de harcèlement aggravé par l'intelligence artificielle, le chef de l'État a déploré la lenteur actuelle des recours et l'impunité qui en découle, une situation face à laquelle il s'est dit « totalement démuni », évoquant son expérience personnelle et celle de son épouse.

Comment ce nouveau référé fonctionnerait-il concrètement ?

L'idée est de s'inspirer d'un mécanisme déjà existant dans le domaine politique. Actuellement, une procédure de référé permet de faire retirer une fausse information en 48 heures si celle-ci menace la sincérité d'un scrutin. Le président souhaite étendre ce principe à toutes les atteintes à la dignité personnelle, comme les deepfakes à caractère sexuel ou les campagnes de harcèlement.

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Une victime pourrait ainsi saisir directement un juge qui aurait le pouvoir de statuer en urgence. En cas de contenu jugé manifestement illicite, il pourrait obliger la personne à l'origine de la diffusion, mais aussi la plateforme hébergeant le contenu, à procéder à son retrait sous deux jours, et ce avant même d'engager d'éventuelles poursuites au fond.

Pourquoi une telle accélération est-elle jugée nécessaire ?

La lenteur de la justice est le principal obstacle à une protection efficace des victimes. Comme l'a souligné le président, les procédures actuelles « prennent un temps fou » et laissent les personnes ciblées sans défense pendant que le préjudice s'aggrave et que les contenus continuent de se propager. Cette situation décourage un grand nombre de victimes de porter plainte.

Des études récentes confirment ce sentiment d'impuissance. Une enquête menée par plusieurs associations, dont Féministes contre le cyberharcèlement, a révélé que seulement 12 % des victimes de cyberviolences sexistes ou sexuelles portent plainte. Dans les cas de diffusion de photos intimes non consenties, chaque heure qui passe est cruciale pour limiter les dégâts.

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Quelle est la portée de cette annonce au-delà des cas individuels ?

Au-delà de la création de cet outil juridique, Emmanuel Macron a insisté sur la nécessité de « durcir la responsabilité des réseaux ». Il estime que les plateformes « s'en lavent les mains » et doivent être tenues pour plus responsables des contenus qu'elles hébergent. Ce projet s'inscrit donc dans une démarche plus large de régulation des géants du numérique.

Cette annonce, issue d'un conseil de défense sur la lutte informationnelle, fait également écho à des expériences personnelles. Le chef de l'État et son épouse, Brigitte Macron, sont eux-mêmes la cible de campagnes de désinformation persistantes. Cette initiative vise à créer une arme légale plus robuste pour tous les citoyens, en s'appuyant sur un constat partagé au plus haut niveau de l'État : face à la viralité de la haine en ligne, la réponse judiciaire doit devenir quasi immédiate.