C'est une nouvelle qui risque de faire grand bruit : la société Ring vient de réintroduire le partage de vidéos avec la police sur simple demande. Cette décision, étonnante, heureusement limitée aux USA pour le moment, fait suite à l'abandon l'an dernier d'un dispositif similaire. Si Ring avait alors promis de restreindre les demandes aux "urgences", permettant déjà des images sans mandat, cette fois, le coup est plus dur. Ring s'associe désormais à Axon, la société derrière les célèbres Tasers et les systèmes de gestion de preuves numériques. 

Ring et Axon : sécurité ou dérive sous haute surveillance ?

Le partenariat Ring-Axon, annoncé en avril, permet aux forces de l'ordre de solliciter des séquences vidéo. Bien que les utilisateurs puissent théoriquement choisir d'envoyer ou non les images (qui seront cryptées), le simple fait que la police puisse demander activement ces vidéos via le système d'Axon change la donne. Une source de Business Insider évoque même l'exploration d'une "nouvelle intégration permettant le livestreaming depuis les appareils Ring" si les clients donnent leur permission, ce qui alarme les défenseurs des libertés civiles.
Jamie Siminoff, le fondateur de Ring, revenu en avril à la tête des équipes dédiées à Ring, Blink, Amazon Key et Sidewalk, a justifié cette intégration en affirmant qu'elle "favorisera une connexion vitale entre nos voisins et les agences de sécurité publique dans leurs communautés, leur donnant un moyen de travailler ensemble pour assurer la sécurité de leurs quartiers."

ring + chime amazon

Un retour en arrière inquiétant : les leçons du passé oubliées ?

Cette nouvelle politique de Ring marque un recul évident par rapport aux "réformes" passées, mises en place sous la pression publique. Ring avait pourtant introduit le chiffrement de bout en bout et mis fin aux partenariats formels avec la police, reconnus comme un "champ de mines éthique".
En clair : c’est une menace grave pour les libertés civiles aux États-Unis. La police a déjà utilisé des vidéos Ring pour surveiller des manifestants et obtenir des séquences sans mandat. En 2023, la Federal Trade Commission (FTC) avait d'ailleurs contraint Ring à payer 5,8 millions de dollars pour régler un procès affirmant que ses caméras permettaient aux employés de Ring et aux hackers d'espionner illégalement les utilisateurs. Il est facile d'imaginer que les forces de l'ordre utiliseront ce nouvel accès pour traquer des personnes pour des motifs divers.
Pourquoi maintenant ? Il est difficile de croire que l'entreprise trahit la confiance de millions de clients au nom de la "sécurité" alors que le taux de criminalité violente aux États-Unis est à des niveaux historiquement bas.

Amazon Ring

Ring : la privatisation de la surveillance de masse ?

Jamie Siminoff a annoncé en interne que Ring serait désormais "AI first" – quoi que cela signifie pour une caméra de sécurité à domicile. La crainte est que cela signale l'introduction de l'analyse vidéo ou de la reconnaissance faciale, amplifiant le caractère problématique de ces appareils. Des employés de Ring devront même prouver l'utilisation de l'IA pour être promus, signalant une orientation ferme de l'entreprise.
Il s'agit probablement d'une manière pour Ring de capitaliser sur la vague montante du techno-autoritarisme, cette forme d'autoritarisme renforcée par la technologie de surveillance. Trop d'entreprises technologiques cherchent à tirer profit du recul des libertés individuelles. Google a également récemment mis fin à un ancien engagement éthique qui lui interdisait de tirer profit de la surveillance et de la guerre. Des entreprises décrochent des contrats de plusieurs milliards de dollars en vendant leurs produits au secteur de la défense ou à la police.
Ring a établi des partenariats avec plus de 2 000 services de police et d'incendie dans presque tous les États américains depuis 2021. Ce nouvel élan ne fait que renforcer l'idée que ces dispositifs, vendus comme des outils de sécurité personnelle, deviennent en réalité des yeux et des oreilles supplémentaires pour les autorités, sans toujours la transparence et le contrôle suffisant. Une dérive inquiétante qui pourrait franchir l'océan pour venir s'installe en Europe.

Foire Aux Questions (FAQ)

Qu'est-ce que le nouveau partenariat de Ring avec Axon implique ?

Le partenariat avec Axon permet à la police de demander directement des séquences vidéo aux utilisateurs de Ring via le système de gestion de preuves numériques d'Axon. Les utilisateurs peuvent ensuite choisir de partager ou non les vidéos.

Pourquoi cette décision de Ring est-elle controversée ?

Elle est controversée car elle annule une politique antérieure de restriction d'accès aux vidéos et soulève des préoccupations importantes en matière de vie privée et de libertés civiles, craignant que les appareils Ring ne deviennent des outils de surveillance de masse.

Ring a-t-il déjà eu des problèmes de confidentialité par le passé ?

Oui, Ring a été critiqué pour avoir aidé la police à obtenir des images et a payé une amende de 5,8 millions de dollars à la FTC en 2023 pour avoir permis à ses employés et à des hackers d'espionner illégalement les utilisateurs.