C'est un tournant historique. Au 31 décembre 2025, le service public de distribution du courrier, assuré par PostNord depuis quatre siècles, prendra fin au Danemark. La cause est simple et implacable : les Danois n'envoient quasiment plus de lettres. Face à une chute vertigineuse du volume de plus de 90 % depuis le début du millénaire, l'opérateur historique a décidé de se réorienter totalement vers le marché en pleine expansion du e-commerce.
Comment expliquer une chute aussi brutale ?
Le Danemark est tout simplement l'un des pays les plus digitalisés au monde. Cette situation est le résultat d'une numérisation massive de la société, encouragée par les pouvoirs publics depuis plus d'une décennie. Aujourd'hui, la quasi-totalité des communications avec les administrations, les factures ou les relevés bancaires sont dématérialisées.
Le constat est sans appel : un Danois moyen ne reçoit plus qu'une seule lettre par mois. L'indice DGI de l'OCDE classe d'ailleurs le pays juste derrière la Corée du Sud en matière de gouvernement numérique. Cette transition place le Danemark avec cinq à dix ans d'avance sur la plupart des autres nations européennes.
Quelles sont les conséquences pour PostNord et les citoyens ?
Face à cette nouvelle réalité, PostNord se restructure en profondeur. L'entreprise va se concentrer sur son activité la plus rentable : la livraison de colis, un secteur porté par la croissance exponentielle des achats en ligne. Cette réorientation stratégique entraîne la suppression d'environ 1 500 postes dans la branche courrier, soit un tiers des effectifs.
Un symbole fort de ce changement est le retrait progressif des 1 500 emblématiques boîtes aux lettres rouges des rues du pays. Le service ne disparaît pas complètement pour autant. Une nouvelle loi a ouvert le marché à la concurrence, et c'est une société privée, DAO, qui va reprendre le flambeau de la distribution nationale.
Ce modèle danois est-il l'avenir pour la France ?
La décision de PostNord n'est pas un cas isolé, mais plutôt le reflet d'une tendance de fond qui touche tous les pays développés. Un rapport du cabinet McKinsey confirme que le courrier physique a chuté d'au moins 30% sur tous les grands marchés mondiaux. En France aussi, le volume s'effondre d'année en année, et ce qui se passe au Danemark est probablement un aperçu de ce qui attend La Poste d'ici une décennie.
Cette transition pose cependant une question sociale cruciale : que faire des exclus du numérique ? Des associations comme DaneAge s'inquiètent pour les personnes âgées ou précaires, encore dépendantes du courrier physique. Privatiser ce service résiduel risque de le rendre plus cher et moins accessible, accentuant l'isolement d'une partie de la population.
Foire Aux Questions (FAQ)
Qui va remplacer PostNord pour le courrier au Danemark ?
C'est l'entreprise privée DAO, déjà distributrice de journaux et de colis, qui va assurer le service national de distribution des lettres. Elle prévoit d'embaucher environ 250 personnes pour gérer ce volume supplémentaire.
Pourquoi les boîtes aux lettres rouges disparaissent-elles ?
Avec l'arrêt de la distribution du courrier par PostNord, ces boîtes aux lettres deviennent obsolètes. Leur retrait des rues est la conséquence directe de la fin de ce service public historique et symbolise la transition vers le tout-numérique.
Le courrier va-t-il devenir plus cher pour les Danois ?
Oui, c'est très probable. Une nouvelle loi a supprimé l'exonération de TVA de 25% sur les services postaux, ce qui a déjà fait bondir le prix d'un timbre PostNord à près de 4 euros. La privatisation du service pourrait maintenir des tarifs élevés.