La polémique a pris une telle ampleur que le gouvernement du Danemark a dû revoir sa copie. Le projet de loi initial visait à moderniser la lutte contre le piratage en ligne, notamment l'IPTV et la diffusion illégale de contenus sportifs. Les législateurs estimaient que les règles actuelles, ciblant principalement les décodeurs physiques, étaient devenues obsolètes. La nouvelle législation se voulait donc « technologiquement neutre » pour s'adapter aux évolutions rapides du piratage. C'est dans ce cadre que l'utilisation des réseaux privés virtuels pour contourner les blocages géographiques ou accéder à des sites illégaux a été mise dans le viseur des autorités.

Pourquoi le projet de loi initial a-t-il déclenché une telle polémique ?

La controverse est née de la formulation extrêmement large du texte proposé. Bien que le gouvernement ait insisté sur le fait qu'il ne s'agissait pas d'une interdiction généralisée, les défenseurs des libertés numériques, comme l'association Electronic Frontier Foundation, ont rapidement tiré la sonnette d'alarme. Ils ont dénoncé une proposition qui, selon eux, relevait davantage de la censure que de la sécurité. La loi aurait pu, en théorie, criminaliser des usages parfaitement légitimes des VPN, un outil essentiel pour les journalistes, les entreprises et les citoyens soucieux de protéger leur vie privée.

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Sur les réseaux sociaux, la nouvelle s'est propagée comme une traînée de poudre, de nombreux internautes dénonçant ce qu'ils percevaient comme une « interdiction totale des VPN ». Cette perception a créé un véritable tollé, obligeant le ministre de la Culture à intervenir personnellement pour tenter d'éteindre l'incendie. Le manque de précision sur les modalités d'application pratiques de la loi n'a fait qu'alimenter les soupçons et renforcer l'opposition au projet.

Quelle était la défense du gouvernement danois ?

Face à la vague de critiques, le ministre danois de la Culture, Jakob Engel-Schmidt, est monté au créneau pour défendre sa position. Il a qualifié les allégations d'interdiction totale d'« infox » et de « malentendu délibéré ». Dans un communiqué officiel et sur les réseaux sociaux, il a martelé son message : « Je ne suis pas favorable à l'interdiction des VPN et je n'ai jamais proposé de le faire ». Selon lui, l'objectif du projet de loi était bien plus modeste et se limitait à sanctionner le streaming illégal d'événements sportifs.

Reconnaissant toutefois que « le projet de loi n'était pas assez précis dans sa formulation », le ministre a finalement annoncé le retrait pur et simple de toute mention des VPN dans le texte. Cette décision radicale vise à « ne laisser aucun doute » sur les intentions du gouvernement. Le ministère va désormais réexaminer la partie du projet concernant le piratage en ligne pour éventuellement la soumettre à nouveau, mais sans les dispositions controversées, mettant ainsi un terme à une polémique qui commençait à sérieusement écorner l'image du pays en matière de libertés numériques.

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Cette controverse est-elle un cas isolé en Europe ?

L'épisode danois est loin d'être une exception dans le contexte européen. Plusieurs pays cherchent des solutions pour réguler les usages des nouvelles technologies sans pour autant brider les libertés. Au Royaume-Uni et en France, des voix politiques s'élèvent régulièrement pour demander une limitation, voire une interdiction, de l'usage des VPN. Ces appels se sont intensifiés avec la mise en place de mesures de vérification de l'âge sur les sites pour adultes, des dispositifs que de nombreux internautes contournent précisément à l'aide de réseaux privés virtuels.

En France, l'Arcom, le gendarme du numérique, adopte une approche plus ciblée. L'autorité n'hésite plus à s'appuyer sur des décisions de justice pour exiger des principaux fournisseurs de VPN qu'ils bloquent l'accès à des adresses IP spécifiques diffusant illégalement des compétitions sportives. Cette méthode montre la complexité du dossier : plutôt que d'interdire l'outil, les régulateurs tentent de contraindre ses fournisseurs à participer à la lutte contre le piratage. Le débat entre sécurité, droit d'auteur et protection de la vie privée reste donc plus que jamais d'actualité sur tout le continent.