Autrement connue en tant que DFAS, la plateforme Dark French Anti System a été mise hors ligne par les autorités françaises. Active depuis 2017, elle était devenue sur le darknet un point de ralliement pour des activités illicites en langue française, succédant à d'autres forums tombés les uns après les autres.
Selon Laure Beccuau, la procureure de Paris, l'opération marque la fin de « la dernière plateforme francophone d'envergure ». Elle cite les précédents démantèlements de La Main Noire en 2018, French Deep Web (2021), Le Monde Parallèle (2021) et Cosa Nostra (2024).
Un supermarché de criminalité organisée
Une place de marché anonyme, non répertoriée par les moteurs de recherche classiques, où tout s'achète et tout se vend. C'était la promesse de DFAS.
La plateforme abritait un catalogue pour le moins fourni : stupéfiants, armes à feu, données personnelles volées ou encore des outils clés en main pour monter des escroqueries. Le site proposait même des conseils pour parfaire un anonymat en ligne.
Une véritable communauté s'y était formée, avec plus de 12 000 membres qui avaient publié plus de 110 000 messages. Parmi eux, des vétérans du darknet, des utilisateurs historiques qui avaient migré depuis d'autres sites fermés par le passé.
Les têtes pensantes derrière l'écran
Derrière Dark French Anti System se cacheraient deux individus interpellés le 8 septembre. Le premier, un homme de 28 ans, est suspecté d'être le créateur et l'administrateur principal de la plateforme. Le second, âgé de 36 ans, aurait joué un rôle de contributeur actif et de testeur des services criminels vendus.
Tous deux ont été présentés à un juge d'instruction en vue de leur mise en examen. Les chefs d'accusation sont lourds. Fourniture de plateforme pour transactions illicites, blanchiment en bande organisée, trafic de stupéfiants et association de malfaiteurs.
Une enquête débutée en 2023
Le démantèlement de DFAS est l'aboutissement d'investigations lancées dès 2023 par les Cyberdouanes (DNRED ; Direction Nationale du Renseignement et des Enquêtes Douanières). Face à la progression constante de la plateforme, l'Office anti-cybercriminalité (OFAC) a ensuite pris le relais.
La collaboration de ces deux services spécialisés a permis de faire tomber le réseau. Dans le cadre de l'opération, les enquêteurs ont mis la main sur plus de 6 bitcoins, dont la valeur dépasse les 600 000 euros.