Une analyse de peau fossilisée de sauropode suggère que ces géants n'étaient pas les créatures grises et ternes de l'imaginaire collectif. Des structures microscopiques, les mélanosomes, révèlent un potentiel de coloration aussi varié que celui des oiseaux modernes, remettant en cause des décennies de représentations paléontologiques.

L'image d'Épinal du dinosaure gris et terne, popularisée par d'innombrables illustrations, pourrait bien être sur le point de s'effondrer. Une découverte majeure sur des fossiles de peau vient bousculer notre perception de ces géants préhistoriques, et plus particulièrement des sauropodes comme le Diplodocus.

La science cachée dans la peau

L'équipe de Tess Gallagher, de l'Université de Bristol, s'est penchée sur des échantillons de peau exceptionnellement préservés. Ces fragments, datés d'environ 145 millions d'années, proviennent du site de Mother’s Day Quarry dans le Montana. Bien que l'identification formelle soit délicate, tout porte à croire que ces fossiles appartenaient à un Diplodocus.

peau fossile couleur melanosome

Contrairement à de simples empreintes, la peau était conservée en trois dimensions. Cette préservation remarquable a permis aux chercheurs, à l'aide d'un microscope électronique à balayage, d'observer des détails à l'échelle cellulaire, ouvrant une fenêtre inespérée sur la biologie de cette créature.

Des pigments qui changent tout

La véritable surprise se trouvait à l'intérieur des cellules : la présence de mélanosomes. Ces organites sont responsables du stockage de la mélanine, le pigment qui colore la peau, les cheveux ou les plumes. La chercheuse s'attendait à trouver des traces de mélanine, mais la découverte a dépassé ses espérances.

sauropode couleur peau

Les scientifiques ont identifié non pas un, mais deux types distincts de mélanosomes : des formes oblongues et d'autres en forme de disque. Cette diversité structurelle est la clé, car elle suggère directement la capacité de produire une palette de couleurs variées, bien au-delà d'un simple monochrome pour ce type de dinosaure.

Vers une nouvelle vision des dinosaures ?

Les mélanosomes en forme de disque sont particulièrement intéressants. Ils présentent une analogie frappante avec les mélanosomes « plaquettaires » que l'on retrouve dans les plumes des oiseaux modernes, connus pour leurs couleurs vives et irisées. Pour Tess Gallagher, cela indique que le Diplodocus avait le potentiel de créer des motifs colorés complexes.

Cette étude, validée par d'autres experts comme Mike Benton, ne permet pas encore de définir la couleur exacte de l'animal. Elle ouvre cependant la voie à une réinterprétation radicale de son apparence.

Loin de l'animal grisâtre du paléoart classique, il faut peut-être désormais imaginer un géant texturé aux couleurs éclatantes, dont la biologie continue de nous surprendre.

Source : NewScientist