L'espace s'apprête à accueillir une nouvelle géométrie. Une fusée Electron de Rocket Lab est sur le point de lancer la mission STP-S30, emportant quatre engins expérimentaux d'un nouveau genre : les DiskSats.

Ce projet, mené conjointement par la NASA et l'U.S. Space Force, vise à valider une architecture inédite de petits satellites, spécifiquement conçue pour les défis des opérations en orbite terrestre très basse.

Un design plat pour dépasser les CubeSats

Développé par The Aerospace Corporation avec le soutien financier de la NASA, le DiskSat se présente comme une alternative audacieuse au standard CubeSat qui domine le marché des petits satellites.

Oubliez les boîtes : le DiskSat est une plaque d'environ un mètre de diamètre pour seulement 2,5 centimètres d'épaisseur. Malgré sa finesse, il offre un volume interne comparable à celui d'un CubeSat 20U, un format déjà conséquent.

Cette forme de « pizza », comme la surnomme l'équipe du projet, n'est pas un simple caprice esthétique. Elle offre une surface continue bien plus grande, capable d'accueillir jusqu'à 200 watts de cellules solaires sans avoir besoin de panneaux déployables complexes.

De plus, sa conception facilite grandement l'accès aux composants internes lors de l'assemblage et des tests, un avantage logistique non négligeable par rapport aux CubeSats très compacts.

L'orbite très basse, un défi stratégique

L'un des objectifs majeurs de cette mission est de démontrer la viabilité des opérations en orbite terrestre très basse (VLEO), une région située sous les 300 kilomètres d'altitude.

Naviguer dans cette zone est un véritable casse-tête. La traînée atmosphérique y est si importante qu'elle dégrade rapidement l'orbite des engins, limitant leur durée de vie à quelques jours ou semaines sans propulsion constante.

Le DiskSat a été pensé pour affronter ce problème. En s'orientant « sur la tranche » face à son déplacement, il présente une silhouette minimale et réduit considérablement la friction.

Cette faible traînée, combinée à une propulsion électrique à haute efficacité, devrait lui permettre de contrer la dégradation orbitale et de se maintenir durablement à basse altitude. L'enjeu est de taille, car le VLEO permettrait une imagerie terrestre à plus haute résolution et des communications avec une latence réduite.

Une mission de démonstration aux enjeux élevés

La mission de démonstration a un plan de vol précis. Après leur lancement depuis Wallops Island, en Virginie, les quatre DiskSats seront déployés à environ 550 kilomètres d'altitude.

De là, The Aerospace Corporation testera leur capacité à manœuvrer, à changer d'orbite grâce à leur propulsion électrique et validera le bon fonctionnement du mécanisme de déploiement, conçu pour empiler plusieurs disques.

Le succès de cette première incursion est crucial. Il s'agit de dé-risquer cette nouvelle approche pour que le reste de l'industrie spatiale puisse l'adopter en confiance.

Si la technologie tient ses promesses, elle pourrait informer le développement de futures constellations commerciales et de défense, ouvrant ainsi l'accès à un régime orbital qui est resté, jusqu'à présent, largement inaccessible aux opérations satellitaires soutenues.