Doctolib vient d'être sanctionné à hauteur de 4,665 millions d'euros par l'Autorité de la concurrence pour abus de position dominante. La sanction fait suite à une plainte déposée en 2019 par Cegedim Santé.

Des pratiques d'exclusivité et de ventes liées reprochées à Doctolib

L'Autorité de la concurrence a déterminé que Doctolib détenait une position dominante sur le marché français des services de prise de rendez-vous médicaux en ligne (depuis 2017) et sur celui des solutions de téléconsultation médicale (depuis 2019).

L'enquête, qui a inclus une opération de visite et saisie en 2021, a révélé que Doctolib a délibérément maintenu une clause d'exclusivité dans ses contrats, malgré les alertes de sa propre direction juridique sur son illégalité.

Des documents internes ont confirmé cette stratégie, les dirigeants affichant la volonté " d'être une interface obligatoire et stratégique entre le médecin et son patient afin de les verrouiller tous les deux ".

L'Autorité a également sanctionné la vente liée, qui obligeait les clients à prendre l'agenda pour accéder à la téléconsultation, renforçant ainsi la domination du service Doctolib Patient. Le montant de la sanction au titre des pratiques d’exclusivité et de ventes liées est de 4,615 millions d'euros.

Le rachat problématique de MonDocteur

Un autre grief est l'acquisition de MonDocteur en juillet 2018. Qualifié de " concurrent #1 " en interne, ce rachat n'avait pas été examiné à l'époque car il était sous les seuils de notification obligatoire.

Cependant, s'appuyant sur un arrêt de la Cour de justice de l'Union européenne, l'Autorité de la concurrence a analysé l'opération comme un abus de position dominante. L'objectif, selon des documents saisis, était de " killer le produit " et d'assurer que " Doctolib fonctionnera sans plus aucune concurrence en France ".

Qualifiée de prédatrice, cette acquisition a permis à Doctolib de gagner 10 000 professionnels de santé et d'augmenter ses tarifs par la suite. Pour cette pratique, la sanction a été fixée à 50 000 euros, tenant compte de " l'incertitude juridique prévalant antérieurement à l'arrêt de la CJUE ".

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Doctolib va faire appel

Doctolib a immédiatement annoncé sa décision de faire appel. L'entreprise conteste fermement être en position dominante, arguant qu'elle n'équipe que " 30 % des soignants français (10 % en 2019 au moment de la plainte) ".

Pour Doctolib, la décision de l'Autorité de la concurrence est une " lecture erronée " de son activité. Concernant le rachat de MonDocteur, qui équipait 2 % des soignants à l'époque, Doctolib parle d'une " banalité absolue " visant à regrouper deux PME pour innover.

Doctolib défend également le lien entre téléconsultation et agenda comme essentiel au suivi des patients. " Nous sommes confiants et nous abordons sereinement la suite de la procédure, qui permettra d’obtenir une décision juste en appel. "