La guerre de la livraison du dernier kilomètre entre dans une nouvelle dimension. DoorDash, le leader américain de la livraison de repas, a levé le voile sur sa double stratégie pour automatiser une partie de ses opérations.

D'un côté, l'entreprise a dévoilé Dot, son propre robot de livraison autonome. De l'autre, elle a annoncé un partenariat majeur avec Serve Robotics, une société qui équipe déjà son principal concurrent, Uber. Une offensive sur deux fronts qui montre que l'avenir de la livraison ne sera pas une solution unique, mais un écosystème complexe et hybride.

Doordash Dot 4

Qu'est-ce que "Dot", le nouveau robot de DoorDash ?

Oubliez les petits robots de trottoir. Dot est une tout autre bête. Ce véhicule de près de 1,50 m de haut et pesant 160 kg a été conçu en interne par les équipes de DoorDash Labs pour les livraisons en banlieue. Capable d'atteindre 30 km/h, il peut circuler sur les routes, les pistes cyclables et les trottoirs pour transporter des commandes plus volumineuses (jusqu'à 15 kg) sur de plus longues distances.



Avec son design tout en rondeurs et ses grands yeux pixelisés, Dot a été pensé pour être "mignon" et ainsi décourager le vandalisme. Électrique et doté d'une batterie interchangeable offrant six heures d'autonomie, il représente la vision de DoorDash pour des livraisons locales plus rapides et moins dépendantes de la voiture traditionnelle.

Pourquoi s'allier à un concurrent qui travaille déjà avec Uber ?

L'annonce la plus surprenante est sans doute ce partenariat avec Serve Robotics. Cette startup, issue de Postmates (racheté par Uber), déploie déjà ses petits robots de trottoir pour le compte d'Uber Eats dans plusieurs villes américaines. L'accord n'étant pas exclusif, les robots de Serve pourront désormais prendre des commandes indifféremment de DoorDash ou d'Uber, optimisant ainsi leurs trajets.



Cette collaboration illustre la stratégie "multi-modale" de DoorDash : à chaque type de livraison son véhicule. Les robots de Serve, plus petits et plus lents, sont parfaits pour les courtes distances en milieu urbain dense (moins de 2 km), tandis que Dot est taillé pour la banlieue. Loin d'être un aveu de faiblesse, ce partenariat valide le marché et montre que les deux géants de la livraison croient en un avenir où plusieurs technologies coexisteront.

La livraison par robot est-elle vraiment l'avenir ?

Le chemin est encore semé d'embûches. Le secteur de la livraison par robot a connu des échecs retentissants, comme l'abandon des projets d'Amazon et de FedEx. Les acteurs restants, comme Starship Technologies ou Serve Robotics, progressent lentement, souvent cantonnés à des campus universitaires ou quelques quartiers tests. Le défi technique est immense : naviguer sur un trottoir bondé est paradoxalement plus complexe pour une IA que de conduire une voiture sur une route bien balisée.

Doordash Dot 3

À cela s'ajoutent les défis sociaux : l'acceptation par le public, le risque de vandalisme et les conflits d'usage avec les piétons ou les personnes à mobilité réduite. DoorDash le sait et avance donc prudemment, en combinant ses propres robots, des partenariats et, surtout, en réaffirmant que les livreurs humains resteront au cœur de son modèle pour les commandes les plus complexes et les plus rentables.

Foire Aux Questions (FAQ)

Les livreurs humains vont-ils disparaître avec l'arrivée de Dot ?

Non, DoorDash insiste sur le fait que son modèle restera "hybride". L'entreprise affirme que les robots et les drones sont destinés à prendre en charge les livraisons simples et à courte distance, permettant aux "Dashers" humains de se concentrer sur les commandes plus complexes, multi-arrêts ou à plus forte valeur ajoutée, qui restent majoritaires.

Le robot Dot peut-il monter les escaliers et livrer à ma porte ?

Non. Comme la quasi-totalité des robots de livraison actuels, Dot n'est pas capable de monter des escaliers. La livraison se fait au niveau du trottoir ou au début de l'allée. Le client doit donc sortir pour récupérer sa commande directement dans le compartiment du robot. C'est l'une des limites majeures par rapport à une livraison humaine.

Où et quand pourra-t-on voir ces robots en France ?

Pour l'instant, ces déploiements sont exclusivement américains. Dot est en phase de test en Arizona, tandis que Serve Robotics opère dans une poignée de grandes villes américaines. Aucune date n'a été annoncée pour un éventuel déploiement en Europe ou en France, qui nécessiterait des autorisations réglementaires spécifiques.