Le gouvernement français a confirmé une révision attendue du calcul du Diagnostic de Performance Énergétique. Dès le 1er janvier 2026, le coefficient de conversion de l'électricité, qui était jusqu'ici de 2,3, sera abaissé à 1,9. Cette correction vise à mieux refléter la réalité du mix énergétique français, majoritairement décarboné grâce au nucléaire.
Un changement qui n'est pas vu comme un avantage nouveau par la Fédération des industries électriques (FIEEC), mais plutôt comme la "suppression partielle d’un handicap imposé à tort". Concrètement, cette révision est une conséquence directe de la directive européenne relative à l'efficacité énergétique, révisée en 2023. Elle répond également à une demande pressante des propriétaires et des professionnels de l'immobilier, qui dénonçaient depuis longtemps la pénalisation de l'énergie électrique par rapport aux énergies fossiles.
Pour ceux qui ont déjà un DPE, une mise à jour gratuite sera disponible via la plateforme de l'Ademe, sans nécessiter un nouveau diagnostic. Il n'y aura aucune réévaluation négative des DPE existants, et le gain maximum sur l'échelle de notes sera d'un cran.
Pourquoi cette modification est-elle nécessaire ?
Cette réforme cherche à corriger une anomalie qui pénalisait les habitations chauffées à l'électricité, même les plus petites, comme l'explique Nicolas Goldberg, expert en énergie chez Colombus Consulting. Un logement de moins de 40 m² chauffé à l'électricité pouvait être classé passoire thermique, ce qui n'aurait pas été le cas avec un chauffage au gaz.
C'est une tentative de rendre le DPE plus juste, alors que le système actuel freine l'électrification des usages, pourtant cruciale pour la stratégie énergétique et climatique du pays. De plus, elle permettra de mieux cibler les aides à la rénovation énergétique vers les logements réellement énergivores, c'est-à-dire ceux chauffés aux énergies fossiles.
C'est une démarche logique dans le contexte actuel où le gouvernement cherche à optimiser l'efficacité de ses dispositifs d'aide comme MaPrimeRénov'. Cette initiative intervient également après un rapport cinglant de la Cour des comptes fustigeant la légèreté de la réforme du DPE en 2021, transformant cet outil informatif en un levier stratégique aux conséquences majeures sur le marché de la propriété.
Quelles sont les réactions face à cette annonce ?
Les réactions sont contrastées. Le gouvernement voit cette évolution comme un "signal fort en faveur de l’électrification des logements", selon Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition écologique. Loïc Cantin, président de la Fnaim, salue la décision mais regrette que le coefficient ne descende pas à 1,5, craignant un blocage du marché immobilier d'ici 2026.
Du côté des associations de consommateurs, le son de cloche est plus critique. David Rodrigues de l'association CLCV ironise sur le fait que "14% des logements à étiquette F ou G ne seront plus des passoires, sans même faire des travaux, c'est magnifique". Il y voit un positionnement politique pour favoriser l'électricité et le nucléaire, et un "cadeau" fait aux bailleurs.
Ruben Arnold de KRNO, une start-up spécialisée dans l'analyse de la fiabilité des DPE, dénonce même "une énième réforme mal pensée, mal préparée, et totalement arbitraire" qui "affaiblit de manière perverse le dispositif".
Foire Aux Questions (FAQ)
Quand cette réforme du DPE sera-t-elle effective ?
La réforme du DPE, modifiant le coefficient de conversion de l'électricité, sera effective au 1er janvier 2026.
Combien de logements vont sortir du statut de passoire énergétique ?
Selon le gouvernement, environ 850 000 logements classés F ou G devraient sortir du statut de passoire énergétique grâce à cette modification du calcul du DPE.
Est-il possible de mettre à jour un DPE existant gratuitement ?
Oui, l'actualisation d'un DPE existant sera possible gratuitement via la plateforme de l'Ademe, sans faire appel à nouveau à un diagnostiqueur.