Des images apparues en ligne dévoilent le premier vol du GJ-X, un drone furtif chinois aux dimensions colossales. Son envergure, comparable à celle d'un bombardier stratégique, et son rôle encore incertain, entre reconnaissance et frappe, soulèvent de nombreuses questions sur les ambitions militaires de Pékin dans la zone Asie-Pacifique.

L'émergence de cet appareil s'inscrit dans une dynamique de modernisation accélérée de l'armée chinoise, qui investit massivement dans des technologies de pointe pour affirmer sa puissance.

Si la Chine a déjà développé une flotte impressionnante de drones, le GJ-X marque un saut qualitatif majeur, le plaçant dans une catégorie jusqu'ici très exclusive.

Un géant des airs au design familier

Ce qui frappe d'emblée, ce sont les dimensions de l'engin. Avec une envergure estimée à environ 42 mètres, le GJ-X rivalise avec des bombardiers stratégiques américains comme le récent B-21 Raider.

Son design en "aile volante" à flèche brisée (cranked kite) n'est pas sans rappeler celui du prototype américain X-47B, bien que ce dernier soit d'une taille beaucoup plus modeste.

drone aile volante x-47B USA

Prototype X-47B américain

C'est la première fois que ce drone furtif, précédemment repéré par des images satellites sur la base d'essais de Malan, dans la région du Xinjiang, est observé en plein vol.

Les images révèlent également des détails techniques significatifs. On distingue des gouvernes de direction fractionnées sur les bords extérieurs, une solution typique des ailes volantes pour assurer le contrôle, ainsi qu'un léger renflement dorsal qui masque probablement les échappements des deux moteurs, une configuration pensée pour minimiser la signature thermique et radar.

Quelle est la mission du GJ-X ?

Le rôle exact de cet appareil reste la principale inconnue et alimente les débats parmi les experts militaires. Plusieurs hypothèses coexistent. Certains analystes l'imaginent en drone de combat lourd (UCAV), capable de mener des opérations cinétiques, tandis que d'autres penchent pour une plateforme optimisant ses capacités de reconnaissance à haute altitude et longue endurance, dans la veine du très secret RQ-180 américain.

Son camouflage ventral, une peinture à contre-ombre conçue pour déformer sa silhouette et compliquer son identification visuelle à distance, témoigne d'une conception axée sur la discrétion.

La polyvalence pourrait être la clé. Un aéronef de cette taille pourrait tout à fait être multi-rôle, combinant des missions de frappe à longue portée avec la collecte de renseignements en profondeur dans un espace aérien contesté. Sa grande autonomie, estimée à plus de 15 heures, lui conférerait une persistance redoutable sur zone.

Une pièce maîtresse de la stratégie chinoise

L'apparition du GJ-X sougline la série de développements fulgurants dans l'aéronautique de combat chinoise, avec les vols récents de prototypes d'avions furtifs sans empennage comme les J-36 et J-XDS.

Ce drone géant semble être une pièce maîtresse de la stratégie A2/AD (Anti-Access/Area Denial) de Pékin, visant à interdire ou à compliquer l'accès des forces adverses, notamment américaines, à des zones stratégiques comme la mer de Chine méridionale ou les environs de Taïwan.

drone furtif GJ X Chine 02

En assurant une surveillance persistante et discrète sur de vastes étendues du Pacifique, le GJ-X pourrait fournir en temps quasi réel des données de ciblage pour les systèmes de missiles anti-navires, tout en traquant les mouvements des flottes et des aéronefs alliés.

Son existence même est un message politique et militaire fort, destiné à influencer les calculs stratégiques à Washington, Tokyo et Canberra. Le rythme auquel Pékin dévoile ces nouvelles plateformes est peut-être l'information la plus spectaculaire, laissant présager d'autres surprises à venir dans l'ombre des programmes militaires chinois.